samedi 28 avril 2007

On ne prête qu'aux riches


(La faute de grammaire de cette illustration n'est pas de mon fait. Lire: tu l'ouvriras quand je te le dirai.)

Ségolène Royal et François Bayrou ont, hier, accusé Nicolas Sarkozy d'avoir fait pression sur Canal + pour interdire leur débat d'aujourd'hui. Vrai, faux? Pas de preuve en tout cas. L'UMP hurle à la théorie du complot…

Pourtant on ne prête qu'aux riches. En effet, Nicolas Sarkozy est coutumier des menaces aux journalistes et… à tout le monde en fait.

Il a déjà promis d'éjecter la rédaction de France 3 coupable, selon lui, de ne pas lui avoir réservé une place au maquillage en obligeant l'un ds autres invités à aller se faire poudrer ailleurs. Je suppose que M. Sarkozy, comme nous tous, déteste les files d'attente mais de là à virer la rédaction de France 3 il y a un pas. La prochaine fois que je fais la queue devant la boulangerie, je la fais fermer, si si :-)))

Il s'en est également pris à Azouz Bégag (voir article du Monde ci-dessous) et menace régulièrement de "casser la gueule" (sic) à ses opposants.

Il n'est pas de bon ton d'accuser sans preuve, mais il est d'encore moins bon ton de menacer sans cesse. Je ne sais pas si M. Sarkozy a fait pression sur Canal +, mais je pense que, dans le cas où il ne l'aurait pas fait, Canal + avait tout de même quelques raisons de craindre le règne de terreur que M. Sarkozy menace de faire peser sur la liberté de la presse. N'oublions pas qu'il a une grande partie des patrons de presse dans la poche. Cela me rappelle étrangement un sale petit bonhomme qui a un certain temps dirigé l'Italie jusqu'à l'année dernière.


Quand M. Sarkozy menaçait M. Begag : "Je vais te casser la gueule, sale connard !"
LE MONDE | 07.04.07 | 12h23 • Mis à jour le 07.04.07 | 12h23


Dans son livre Un mouton dans la baignoire (Fayard) à paraître le 13 avril, l'ancien ministre délégué à la promotion de l'égalité des chances Azouz Begag, qui a démissionné du gouvernement jeudi 5 avril, revient sur sa mésentente avec Nicolas Sarkozy. Le conflit avec celui qui est alors ministre de l'intérieur naît d'abord de l'emploi par ce dernier du mot "racaille" et s'amplifie avec les violences dans les banlieues en novembre 2005. Extraits :

"En pleine tempête, on m'a organisé un rendez-vous en tête à tête place Beauvau avec Sarko. Il me reçoit dans son bureau, avec des sourires enrobés de mots doux et m'invite à m'asseoir près de la cheminée, au coin du feu. (...) Il me fixe droit dans les yeux : "Pourquoi tu m'attaques, Azouz ? Moi, je ne t'ai pas attaqué, jamais. Je n'ai même pas réagi à tes propos, tu as vu ?" (...) Il ment. Prétend qu'il n'a pas répondu à mes attaques, mais en fait les ripostes dans la presse se multiplient, orchestrées par ses proches. Ils font de moi l'Arabe ministre qui défend ses frères arabes des banlieues au lieu de défendre les citoyens contre la "racaille" qui infecte la vie des bons Français. (...) Au passage, je lui glisse que mon grand-père est mort en 1918 dans le 23e régiment de tirailleurs algériens dans la Somme. Qui est le plus français de nous deux ? "C'est toi", il reconnaît. Il dit qu'il est hongrois. Puis il me montre son désir de résoudre au plus vite notre mésentente : "Alors, qu'est-ce qu'on fait ?" (...) Sans vergogne, il me propose le prochain mercredi, jour du conseil, de venir le rejoindre place Beauvau et d'aller ensemble, à pied, à l'Elysée sous l'oeil des caméras. Je suis stupéfait. L'homme me prend pour un bouffon ! (...) Il propose alors que nous allions ensemble dans un quartier de banlieue. Je dis : "Oui, mais sans caméra". Je souligne que ce sont les médias qui enveniment les situations, qu'il ne faut donc pas se rendre avec eux dans les quartiers. Il dit que cela ne sert à rien de sortir sans le faire savoir.

Un jour, M. Begag interpellé sur le projet de loi sur l'immigration, croit faire un bon mot en rétorquant : "Je ne m'appelle pas Azouz Sarkozy." Fureur du ministre de l'intérieur qui appelle M. Begag, alors dans le train, qui en fait le récit suivant : ""Tu es un connard ! Un déloyal, un salaud ! Je vais te casser la gueule ! Tu te fous de mon nom... Tu te fous de mon physique aussi, je vais te casser ta gueule, salaud ! Connard !" Je suis cloué à mon téléphone (...) Le ministre de l'intérieur m'a conseillé dans une ultime menace de ne jamais plus lui serrer la main, sinon il allait m'en cuire, "sale connard" que je suis. Je ne sais combien de fois il a projeté ces mots contre mes tympans. Je ne pardonnerai pas."

Raphaëlle Bacqué
Article paru dans l'édition du 08.04.07.

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