dimanche 23 janvier 2011

Les derniers jours de Stefan Zweig de Laurent Seksik (Flammarion, 2010)


Un très beau roman, à la fois profond, intelligent et plein d'émotion, sur la fuite de Zweig et de sa seconde femme Lotte d'Autriche, dès 1934. Zweig était un visionnaire et savait que l'avenir ne lui réservait rien de bon dans son pays après l'Anschluss. Mais, en Angleterre comme aux Etats-Unis où les Zweig séjournèrent, ils étaient avant tout non des juifs à protéger, mais des Autrichiens, donc des ennemis potentiels à surveiller de près.

Le roman commence quand Stefan et Lotte échouent au Brésil où le couple mettra fin à ses jours le 22 février 1942, sombre écho de la biographie que Zweig avait consacrée à Heinrich von Kleist, écrivain disparu dans des circonstances similaires, lui aussi aux côtés de sa seconde épouse.

Laurent Seksik fait à la fois oeuvre de romancier en redonnant vie à des figures du passé, d'historien et de passeur. En effet, il donne envie de relire Zweig, mais aussi ses amis Jules Romains par exemple. Lorsqu'un roman vous fournit une liste de lecture de 10 pages, je pense qu'il a atteint un but formidable.

Par ailleurs, Seksik fait un sort au mythe qui voudrait que Zweig ait refusé de se battre, ait baissé les bras, soit allé vers la mort comme un agneau vers l'abattoir au lieu de se battre. Ce double suicide apparaît ici à la fois comme un acte d'amour et comme une révolte. Comme une façon d'attirer l'attention sur la barbarie nazie, sur la condition juive et sur un monde occidental pas beaucoup plus accueillant envers les réfugiés dont la vie était vraiment menacée chez eux. Pas une cinquième colonne, juste des hommes et des femmes qui voulaient vivre en paix. Zweig qui traînait partout une partie de sa bibliothèque ainsi que les notes de son travail sur Balzac représentait-il vraiment un danger aux yeux des alliés?

J'ai adoré ce roman, puis je suis tombée, dans la revue Le Grand Soir, sur ce texte de Bernard Gensane qui siégea autrefois à mon jury de thèse. Je me suis alors dit que je devais faire un lien vers cette page car Gensane rend un hommage tout aussi intelligent à Zweig que peut l'être le roman de Seksik.


samedi 15 janvier 2011

Aÿ Pharaon de Violaine Vanoyeke




Cette série revisite le meurtre de Toutankhamon, présentant les théories de Violaine Vanoyeke sous forme de roman, un peu comme le faisaient les historiens antiques. Selon l'auteur, Toutankhamon aurait été assassiné, mais elle ne résout pas le problème de l'identité du meurtrier.

Sa femme, Ankhesenamon, tout d'abord protégée par son grand-père Aÿ, se voit proposer le mariage par celui-ci, avide de pouvoir et de devenir Pharaon.

Ankhesenamon cherche alors à épouser un prince hittite… qui n'arrivera jamais jusqu'à elle. Puis elle sera à son tour assassinée.

Comme dans un roman policier, les victimes s'accumulent… (C'est d'ailleurs pourquoi son Ramsès III est dans la pré-selection du Prix Lion Noir de Neuilly-Plaisance pour le festival des 2 et 3 avril.)

On a beau connaître une partie de l'histoire, on tremble et on s'intéresse aux personnages. On a envie de réponses aux questions que l'on se pose et… l'on est parfois frustré car Violaine Vanoyeke se refuse à construire des châteaux en Espagne (ou dans le désert du Sinaï, comme elle le dit si bien.)

Une bien jolie façon de présenter l'Histoire de l'Egypte antique de manière vivante. Une façon de faire aimer l'Histoire aussi. (Cela tombe bien: Violaine Vanoyeke est un auteur très très prolifique.)

vendredi 7 janvier 2011

Phi-Phi de Henri Christiné, Albert Willemetz et Fabien Sollar à l'Athénée


Soirée délirante hier soir à l'Athénée où nous avons assisté à une représentation assez sportive de Phi-Phi. Une mise en scène très originale, avec des marionnettes - statues pour doubler le jeu des acteurs, et en particulier les scènes suggestives.

Des chanteurs de qualité (en particulier M. et Mme Phi-Phi), des acteurs - chanteurs qui se donnent à fond, un grand moment de plaisir pour cette petite opérette jouée pour la première fois le soir de l'Armistice de 1918 et qui raconte les aventures de Phidias, le grand sculpteur grec, de Périclès et d'Aspasie.

La Compagnie Les Brigands était en grande forme (tant vocale que physique car le metteur en scène Johanny Bert leur en demandait parfois beaucoup, surtout aux "petits modèles".)

avec :
Gilles Bugeaud
Emmanuelle Goizé
Christophe Grapperon
Olivier Hernandez
Lara Neumann
Antoine Sastre
direction musicale : Christophe Grapperon

Un bon remède contre la morosité ambiante, la crise et le mauvais temps, bref contre la dépression hivernale.



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