samedi 13 février 2010

J'aurais voulu être égyptien d'Alaa El Aswany (Actes Sud, 2009) traduit de l'arabe par Gilles Gauthier

Je viens de finir J'aurais voulu être égyptien d'Alaa El Aswany (Actes Sud, 2009) traduit de l'arabe par Gilles Gauthier, un texte à a fois tendre et rebelle sur l'Egypte actuelle.




Le narrateur, Issam, n'aime pas son pays et se gausse de la citation de Mustapha Kamel: "Si je n'étais pas né égyptien, j'aurais voulu être égyptien." Il trouve ce texte "inepte" et n'a pas de mots assez forts pour dire tout le mal qu'il pense de son pays. Tant et si bien que l'auteur, en préface, explique tout le mal qu'il a eu pour faire publier ce roman, les tenants d'Anastasie et de ses grands ciseaux confondant personnage et auteur.

Issam vit avec avec une mère gravement malade qui préférerait voir toute sa famille mourir plutôt que d'avoir un cancer en phase finale et une grand-mère relativement grincheuse et méchante. Seule la servante Hoda lui prodigue un peu de tendresse et plus si affinité.

Finalement, Issam rencontre Jutta,une touriste allemande qui aurait bien voulu naître égyptienne. Suite à un voyage touristique, elle est restée fascinée pour ce pays.

Au milieu de cette famille et de ce couple passent des personnages plus étranges les uns que les autres, ou bien drôles, ou touchants, simples fantômes parfois, souvent plus, des personnages à la Dos Passos. Le lecteur croise ces figures dans les rues du Caire, devenu plus vivant que les guides touristiques sous la plume toujours brillante d'Alaa El Asqwany. Et parfois, alors, on se prendrait à vouloir devenir égyptien.

jeudi 11 février 2010

Les Turbans de Venise de Nedim Gürsel (Seuil) traduit par Timour Muhidine


Je viens de finir Les Turbans de Venise de Nedim Gürsel, écrivain turc né en 1951.

Kâmil Uzman, digne professeur d'art, quitte Istanbul pour se rendre à Venise sur les traces de Gentile Bellini, frère de Giovanni Bellini, qui s'était rendu en Turquie pour faire le portrait du sultan Mehmet le Conquérant, destructeur de Byzance. Sur place, il découvre une jeune femme qui lui rappelle la Sainte Catherine d'un tableau de Bellini. Amoureux, son attirance n'est pas réciproque et il finit par fréquenter les prostituées et les lieux louches.

Ce roman traite de l'exil, du déracinement, des liens entre Orient et Occident, des femmes, de l'art et, surtout, est un merveilleux tableau de Venise, digne des peintres du Quattrocento.

mardi 9 février 2010

Toxique de Françoise Sagan (Stock, 2009)


J'ai lu Toxique de Françoise Sagan. Ce texte, découvert récemment, est le journal de Françoise Sagan décrivant ses problèmes d'addiction après son accident de voiture en 1957.

'En été 1957, après un accident de voiture, je fus, durant trois mois, la proie de douleurs suffisamment désagréables pour que l'on me donnât quotidiennement un succédané de la morphine appelé le '875' (palfium). Au bout de ces trois mois, j'étais suffisamment intoxiquée pour qu'un séjour dans une clinique spécialisée s'imposât. Ce fut un séjour rapide, mais au cours duquel j'écrivis ce journal que j'ai retrouvé l'autre jour.'

Ce texte, illustré en noir et blanc par Bernard Buffet, est le récit de sa désintoxication, de la douleur physique et morale, de la peur de la déchéance, des regrets de sa vie d'avant, de l'alcool et des cigarettes, de la légèreté de la vie.

Un très beau texte qui donne un aperçu de la personnalité de Sagan, son côté sombre et son amour de la vie malgré tout.

vendredi 5 février 2010

L'Enigme du retour de Dany Laferrière (Grasset, 2009), Prix Médicis


J'ai lu L'Enigme du retour de Dany Laferrière (Grasset, 2009), roman écrit en alternance de prose et de vers libres. Le narrateur quitte New York et revient à Haïti à la suite de la mort de son père, exilé dans les années 1960 par Papa Doc. Il s'agit d'un texte d'une grande musicalité.

Triste et poétique, ce roman traite de deuil, tandis que le narrateur se sent de plus en plus étranger dans son propre pays. L'exil est au centre de ce texte, la douleur de se sentir loin parmi les siens, miséreux. Un texte magistral de cet écrivain qui a mille fois mérité le Médicis.

Les Haïtiens ne le comprennent pas: on le croit riche car il vit en Amérique du Nord. Il ne les comprend pas davantage: pourquoi une telle misère, des enlèvements dans un pays qui devrait se relever?