mercredi 27 février 2008

Conseil Constitutionnel


Après avoir souhaité revenir sur la non-rétroactivité de la loi, le gouvernement s'assoit désormais sur la Constitution. En effet, la loi Dati (qui joue sur les peurs - parfois fondées - de la population en ce qui concerne les violeurs pédophiles) a été en partie rejetée par le Conseil Constitutionnel car des criminels déjà condamnés se verraient concernés une fois leur peine purgée. Ainsi, suite à l'intervention du Conseil Constitutionnel, ces criminels ne pourront être enfermés dans les centres spéciaux que s’ils violent les obligations auxquelles il sont soumis à leur sortie de prison, comme le port du bracelet électronique.

Toutefois, Nicolas Sarkozy a immédiatement tenté de contourner cette décision en s'adressant à la Cour de Cassation (désolé, petit homme, ce n'est pas possible, on n'est pas aux Etats-Unis où les décisions constitutionnelles de la Cour Suprême ont une valeur de fort conseil plus que d'obligation.)

Je m'étonne que le Président de la République ne connaisse pas les institutions à la tête desquelles il se trouve. Ou bien nous prépare-t-il un coup d'Etat à la Napoléon III, surfant sur la vague de peurs anti-pédophiles bien compréhensibles mais aussi bien commodes? Un petit plébiscite, votre Honneur?

Voici donc la vision de la démocratie napoléonienne, avant le plébiscite, de Daumier. Et bien, je me demande si ça ne me rappelle pas quelque chose…



- M'sieur l'Maire, quoi donc que c'est qu'un bibiscite ?
- C'est un mot latin qui veut dire OUI
Honoré Daumier

Le XXIème siècle sera-t-il religieux et con?

Après le livre de Sarkozy (La République, les religions, l'espérance, 2004) expliquant qu'il n'existe pas de morale sans religion et ses récentes déclarations confirmant qu'il n'a pas changé d'avis à ce sujet, Rowan Williams, l'archevêque de Canterbury a également fait une déclaration conseillant d'intégrer la charia dans la loi britannique dans la mesure où l'Islam est désormais la religion d'un grand nombre de Britanniques.

Bref, à quand les femmes adultères lapidées? (Pan, la famille royale décimée!)

Regrets d'un monde avant le droit des femmes, avant l'Humanisme, avant les Lumières? Attention, l'obscurantisme nous guette. Ecoutez plutôt l'interview de Rowan Williams.

lundi 25 février 2008

Paris de Cédric Klapisch


Sur les conseils de l'une de mes étudiantes selon laquelle ce film serait le meilleur qu'elle ait vu cette année (on est en février!), je suis allée voir Paris de Cédric Klapisch. Un vrai régal!
Sarah a bien raison: c'est, pour l'instant, le meilleur film de 2008 :-)))

Construit à la Dos Passos, ce film présente des tranches de vie, des existences qui se croisent, qui se frôlent, se touchent à peine.

Pierre (Romain Duris) est malade: il est en attente d'une greffe du coeur. Sa soeur Elise (Juliette Binoche) vient vivre chez lui avec ses enfants pour pouvoir le soutenir et l'aider.

En parallèle, le spectateur assiste au voyage de Benoît (Kingsley Kum Abang) qui quitte le Cameroun pour venir à Paris, à la dépression sournoise de Roland (Fabrice Luchini), éminent professeur d'Histoire à la Sorbonne, qui vient de perdre son père et se raccroche désespérément à l'une de ses étudiantes (Mélanie Laurent) pour ne pas vieillir, etc.



Un pur moment d'espoir et de bonheur, autour d'un Paris superbe sous le ciel de l'hiver. Une vraie lettre d'amour à Paris, ses habitants, la vie et la mort.

A noter la prestation remarquable de Karin Viard dans le rôle d'une boulangère assez réactionnaire, frôlant parfois le racisme. Une pimbêche parfaitement réussie.




Midsomer Murders


J'ai fait une cure d'Inspecteur Barnaby grâce à la parution en DVD des deux premières saisons et grâce à la diffusion sur France 3 le dimanche soir d'épisodes inédits. L'inspecteur Barnaby (John Nettles) est un homme comblé: il a une femme (Jane Wymark) et une fille (Laura Howard) merveilleuses et il travaille dans une petite communauté en Angleterre. Mais ce village collectionne les meurtres. Flanqué du sergent Gavin Troy (Daniel Casey), puis de Ben Jones (Jason Hughes), il mène des enquêtes dans des lieux champêtres tout à fait cosy.

L'épisode d'hier (La Chasse au trésor) tournait autour d'Hamlet. La clef de l'épisode pilote de cette série était dans Dommage que ce soit une putain de John Ford. L'aspect intertextuel de Midsomer Murders (entre les pièces jouées par Cully Barnaby et l'enquête) me réjouit au plus haut point, sauf hier où elle était tellement évidente que je savais sous 2 mn ce qui s'était passé et ce qui allait arriver.

Odette Toulemonde d'Eric-Emmanuel Schmitt


J'ai regardé samedi Odette Toulemonde d'Eric-Emmanuel Schmitt sur Canal +. L'histoire est assez joliment filmée et Catherine Frot y est divine, comme d'habitude. Toutefois, le scénario joue un peu trop sur les bons sentiments.

Odette Toulemonde (Catherine Frot) est veuve et vendeuse au rayon maquillage d'un grand magasin. Elle adore les romans de Balthazar Balsan (Albert Dupontel) qui ont rendu sa vie plus belle. Incapable de lui parler, elle lui écrit. Balthazar Balsan découvre que sa femme le trompe avec un critique qui le hait. Il tombe alors sur la lettre d'Odette et part se réfugier chez elle.

Il découvre alors une femme un peu fantasque, qui adore Josephine Baker. Un peu méprisant au début de leur relation (elle lui rappelle sans cesse qu'il est considéré comme un écrivain pour coiffeuses), il devient de plus en plus proche d'elle et reprend goût à la vie.


mardi 19 février 2008

It's A Free Word de Ken Loach


Je suis allée hier voir It's A Free Word de Ken Loach avec Kierston Wareing, Juliet Ellis, Leslaw Zurek… Angie est une belle jeune femme, mère célibataire d'un petit garçon de 11 ans. Elle travaille pour une entreprise de travail par intérim qui recrute dans les pays de l'Est. Mais, suite à un voyage en Pologne, elle est renvoyée.

Elle décide alors de créer sa propre entreprise et entraîne avec elle son amie Rosie. Mais peu à peu, les choses se compliquent: l'un de ses clients ne la paie pas et elle doit 40.000 livres aux ouvriers qu'elle a engagés. Cela ne semble guère la gêner: tant pis pour les ouvriers! Elle devient également marchand de sommeil.

Un tableau assez noir du libéralisme qui se centre sur un personnage pourtant plutôt attachant, Angie, qui dégringole dans la spirale de la noirceur tout en tentant toujours de penser à son fils.



Mon Nom est Rouge d'Ohran Pamuk


La semaine dernière, j'ai fini la lecture de Mon Nom est Rouge (1998) d'Ohran Pamuk. Il s'agit d'un récit à plusieurs voix (dont la première est celle d'un enlumineur assassiné, Monsieur Délicat.)

En 1591, le sultan Murad III (1574-1595) commande à "l'Oncle" un livre enluminé. Mais l'un des artistes est assassiné, puis l'Oncle. Le Noir, amant de la belle Shékuré, mène l'enquête dans le milieu des enlumineurs.

Les voix des morts et des vivants se mêlent à celle de l'Assassin jusqu'au dénouement final. La conclusion est laissée à Shékuré qui transmet le flambeau du récit à son fils Ohran (sic).

Le 12 octobre 2006, Ohran Pamuk a obtenu le Prix Nobel de Littérature.

"Salsa du démon" (parodie)

dimanche 17 février 2008

Le Visiteur d'Eric-Emmanuel Schmitt


Je reviens de la péniche La Talente, amarrée près de la médiathèque de Melun, pour voir Le Visiteur d'Eric-Emmanuel Schmitt. Le texte, à un moment, a mis un peu mal à l'aise l'athée que je suis, mais, dans l'ensemble, il s'agissait d'un moment agréable (dans la mesure où l'auteur ne dit jamais si le personnage qui confronte Freud est bel et bien Dieu ou un fou complet.)

A Vienne, après l'Anschluss, Anna Freud est brièvement emmenée à la Gestapo pour être interrogée. Son père, Sigmund Freud, se retrouve brusquement confronté avec un personnage qui prétend être Dieu. Mais un fou s'est échappé de l'asile. Alors?

Je suis un peu énervée par les références mystiques de l'auteur. Chacun son truc…

Le Visiteur a obtenu un prix lors de la Nuit des Molières 1994.

La Talente re-proposera cette pièce le 14 mars à 20h et le 16 mars à 16h.

samedi 16 février 2008

Enterrement d'un grand de la chanson con (et pas seulement)

Aujourd'hui, on enterre Henri Salvador



Il a également chanté cette chanson que j'adore:

samedi 9 février 2008

Inspecteur Morse


J'ai eu des soucis de tension cette semaine et j'ai donc dû lever le pied. J'ai donc rattrapé un peu de retard de sommeil, de lecture et de télévision. Je suis en train de regarder le premier épisode d'Inspector Morse avec John Thaw et Kevin Whately: "Mort à Jericho". Cette série est tirée des merveilleux romans du très talentueux et regretté Colin Dexter.

Fanatique de musique classique en général et de Wagner en particulier, lettré, verbicruciste et cruciverbiste, un peu trop attaché à la bière et au whisky, l'inspecteur Morse enquête dans le décor absolument merveilleux d'Oxford, flanqué du sergent Lewis. Un personnage fabuleux.

Machiavel/ Montesquieu: dialogue aux enfers de Maurice Joly


Je suis allée ce soir voir une pièce de Maurice Joly: Dialogue aux enfers entre Machiavel et Montesquieu.
Il s'agit d'un pamphlet paru en Belgique sous le règne de Napoléon III. Les ombres de Machiavel et de Montesquieu se croisent aux enfers.

Machiavel garde la main pendant tout l'échange et explique à un Montesquieu naïf et idéaliste comment, malgré le système de la séparation des pouvoirs, malgré les constitutions, la presse, les garde-fous de la démocratie, un prince peut se saisir du pouvoir, et, sous une apparence de démocratie, gouverner seul et comme il le souhaite.

Le texte, que l'on peut trouver ici, a des échos très contemporains qui ne sont pas sans rappeler un certain président actuel.

Les acteurs, Jean-Pierre Andréani et Jean-Paul Bordes, étaient formidables.

L'Histoire de Rome revisitée


Rome: Titus Pullo


Rome: le Sénat

Après avoir dévoré les deux saisons de Rome allant de la traversée du Rubicon jusqu'à la chute de Marc Antoine, j'ai décidé de découvrir une vieille série de 1976, I, Claudius avec Derek Jacobi qui parle de la fin du règne d'Auguste jusqu'à la mort de Claude.

Rome présente deux militaires de César: Lucius Vorenus (Kevin McKidd) et Titus Pullo (Ray Stevenson), ont réellement existé. César en fait mention dans le cinquième volume de sa Guerre des Gaules. C'est autour de ces deux personnages que l'Histoire va se sceller.


Le point de vue de I, Caudius est assez différent: seuls les personnages historiques défilent ici. L'action se centre autour de la Cour, de ses intrigues, etc. On ne voit pas le petit peuple ni les conséquences des actions des grands de ce monde sur leur vie. Le point de départ de l'histoire est celui-ci: Claude, sentant sa fin proche, raconte sa vie, de son enfance à son règne.

Mais ces deux séries, I, Claudius et Rome, ont en commun de rendre accessible l'Histoire antique.

I, Claudius est inspiré des romans de Robert Graves, I, Claudius (1934) et Claudius the God (1935). Derek Jacobi est un Claude remarquable et Patrick Stewart un Séjan plein de prestance. Les décors sont minimalistes, les acteurs absolument remarquables. Contrairement à Rome, on ne se perd pas dans les intrigues secondaires, mais comme j'aime les deux, je ne critiquerai pas trop Rome tout en signalant une petite préférence pour Moi, Claude.


I, Claudius: Auguste (Brian Blessed)


I, Claudius: Caligula (John Hurt)


I, Claudius: Claude (Derek Jacobi)


I, Claudius: Séjan (Patrick Stewart)

Fusillés pour l'exemple


J'ai emprunté, à la médiathèque de Melun, Fusillés pour l'exemple, un documentaire d’Alain Moreau et Patrick Cabouat (2003). Présentation du film ici. Il s'agit d'un film qui présente les diverses vagues de répression contre les poilus par leur propre camp, de la lutte contre les automutilations en 1914 jusqu'aux exécutions, en 1917, des mutins du Chemin des Dames.

Ce documentaire se focalise non seulement sur le point de vue des fusillés, mais aussi sur celui de leur famille. En effet, l'un des exemples montre que la femme d'un homme exécuté pour une raison futile perdit dans la foulée son poste d'institutrice.

Ces familles se battirent pendant des années pour la réhabilitation des fusillés pour l'exemple.

Jusqu'au discours de Jospin à Craonne le 5 novembre 1998, la question des fusillés pour l'exemple était un sujet douloureux. Lionel Jospin avait alors souhaité que les soldats «fusillés pour l’exemple», «épuisés par des attaques condamnées à l’avance, glissant dans une boue trempée de sang, plongés dans un désespoir sans fond», qui «refusèrent d’être des sacrifiés», victimes «d’une discipline dont la rigueur n’avait d’égale que la dureté des combats, réintègrent aujourd’hui, pleinement, notre mémoire collective nationale». Le film montre bien que la droite (et P. Seguin en particulier), près d'un siècle après, a fort mal réagi à cette réhabilitation.

The King de Donald Barthelme


Mon frère, qui est toujours sur les bons coups, m'a fait découvrir un roman très drôle de Donald Barthelme (1931-1989), The King. Donald Barthelme est plus connu pour ses nouvelles, mais ce roman est un petit bijou, même si l'originalité s'essouffle un peu sur la longueur. The King a été publié de manière posthume.

L'idée de départ est de placer les personnages de la Table Ronde (Arthur, Guenièvre, Lancelot, etc.) dans le contexte de la Seconde Guerre Mondiale. Donc les personnages de fiction croisent Churchill, Lord Haw Haw (la voix de la propagande nazie par la radio), etc.

Le décalage entre le ton des chevaliers de la Table Ronde et de la Reine et celui des protagonistes du XX° siècle est remarquablement bien fait. La quête du Graal devient celle d'une arme secrète, etc.

mardi 5 février 2008

Primo Levi de Henry Colomer


J'ai regardé avant-hier soir un documentaire d'Henry Colomer sur Primo Levi, un documentaire du Centre Pompidou, prêté par la médiathèque de Melun.

J'ai trouvé les entretiens absolument passionnants. Primo Levi et l'un de ses camarades de camp expliquaient comment on pouvait tenir jour après jour grâce aux activités intellectuelles, quitte à sacrifier une part de pain contre un traité de mathématiques ou contre un cours d'allemand, langue absolument nécessaire à la survie.

La Femme qui lisait trop de Bahiyyih Nakhjavani



J'ai lu The Woman Who Read Too Much de Bahiyyih Nakhjavani, un texte superbe sur la condition de la femme au sein de la culture musulmane. En Iran, au XIXème siècle, une poétesse est emprisonnée pour ses prises de position. C'est en effet elle qui a demandé le divorce et quitté son mari.

Sur ordre du Shah, elle se retrouve donc enfermée dans la résidence du maire. Mais sa présence n'est pas sans susciter des questions. Cette femme, plus cultivée que les hommes qui l'entourent, est dangereuse aux yeux de ces derniers.

Autour d'elle, le destin de plusieurs personnages va se sceller.

samedi 2 février 2008

Excellente parodie de James Blunt

Toujours du Weird Al, "You're Pitiful"