dimanche 31 mai 2009

Intrigue à Versailles d'Adrien Goetz (Grasset, 2009)

Intrigue à Versailles est le deuxième volet des aventures de Pénélope et Wandrille après Intrigue à l'anglaise.

Nommée conservateur au château de Versailles, Pénélope se retrouve mêlée à une enquête sur un meurtre: une Chinoise découverte morte dans le bassin de Latone et l'un de ses doigts coupé, puis placé dans l'imitation d'un meuble ancien apparu mystérieusement dans la nuit au château.

Leurs recherches vont les amener à croiser un groupe d'artistes qui conçoivent des copies de mobilier ancien ainsi que des descendants des jansénistes, éparpillés à travers la France (voire le monde) après la destruction de Port Royal sur l'ordre de Louis XIV au début du XVIIIème siècle.

J'ai été amusée de découvrir la description, au détour d'une page, de la façade du château de Courances (déplacé pour l'occasion dans les Yvelines), son escalier à double rotation et son mât coloré.

Il s'agit d'un excellent roman policier où, pour ne rien gâcher, on apprend beaucoup sur Versailles (et sur la restauration du château) ainsi que sur le milieu de ses conservateurs. Goetz fait montre de beaucoup d'humour (surtout à travers le personnage du dandy Wandrille dont le père vient d'être nommé Ministre du Budget, ce qui peut toujours être utile pour sa progéniture en pleine investigation.)

La fin du roman est un peu surprenante, mais comme le reste du roman est extrêmement bien ficelé, on pardonnera à son auteur.

Je ne suis pas sûre de pouvoir voir le château de Versailles du même oeil après la lecture de ce roman. Merci Adrien Goetz!


La Dame à la lampe de Gilbert Sinoué


En 1910 s'éteint "la Dame à la lampe", Florence Nightingale, celle qui a donné au métier d'infirmière ses lettres de noblesse en Angleterre (les femmes qui exerçaient cette profession étaient généralement alcoolisées, souvent de moeurs légères, toujours absolument pas préparées ni formées.)

Issue d'une famille privilégiée, Florence Nightingale dut se battre contre soeur et parents pour avoir le droit de suivre une préparation au métier d'infirmière, puis de partir en Crimée pour s'occuper des soldats lors de la guerre qui opposa la France, l'Angleterre et la Turquie d'un côté à la Russie de l'autre. Les conditions d'hygiène étaient déplorables, l'organisation épouvantable. Florence Nightingale récupéra les fonds nécessaires pour pouvoir nourrir les soldats, nettoyer les lieux, panser les plaies… Chaque nuit, lampe à la main, elle faisait le tour des lits pour s'occuper de chaque patient, prodiguant soins et réconfort.

Après la victoire contre la Russie, de retour en Angleterre, Florence Nightingale n'eut de cesse de créer des lieux pour former des infirmières.

Gilbert Sinoué prend le parti de suivre le cheminement de Jonathan Brink, un journaliste qui veut écrire la biographie de Florence Nightingale et qui rencontre les personnes qui ont été marquantes dans sa vie.

J'ai trouvé le récit bien construit, l'histoire intéressante, mais le sujet était tellement riche (et Florence Nightingale un personnage apparemment si complexe) que j'aurais aimé aller plus loin. Je reste un peu sur ma faim…

Susan Boyle échoue en finale

Susan Boyle échoue malheureusement en finale de Britain's Got Talent sur une reprise (une seconde fois) des Misérables. Elle finit deuxième, mais elle aura sûrement des propositions de contrats intéressants.

La vague Susan Boyle a dû finir par faire peur à son public.

samedi 30 mai 2009

Séraphine de Martin Provost


L'immobilisation a cela de bon qu'elle m'a permis de regarder Séraphine de Martin Provost en vidéo à la demande, depuis mon décodeur Orange. J'avais raté ce film lors de sa sortie en salle, et c'était un grand regret. Retard rattrapé.

Yolande Moreau, qui joue Séraphine Louis, dite Séraphine de Senlis, est merveilleuse dans ce film biographique sur cette peintre surprenante du début du XXème siècle. Découverte à Senlis par Wilhelm Uhde (qui a aussi découvert le Douanier Rousseau et Picasso, joué par Ulrich Tukur), elle fut dans un premier temps abandonnée par son protecteur (dont elle était la bonne) quand il dut fuir la France pour cause de Première Guerre Mondiale (Uhde, Allemand, n'était pas populaire dans le village après la déclaration des hostilités.) Il la retrouva près de neuf ans plus tard, lors d'une exposition de peintres vivant à Senlis.

Pour Séraphine, peinture et religion étaient directement liées: son ange gardien lui aurait ordonné de peindre et elle chantait des cantiques tout en travaillant. Mais, petit à petit, Séraphine perdit le contact avec la réalité et devint folle.

Elle considérait la peinture comme une façon de rendre hommage au monde et à Dieu. J'attends avec impatience de lire la biographie écrite par Alain Vircondelet (conseillée par Jocelyne Sauvard) dont le travail aurait été en partie pillé pour faire ce film. Je vais m'en assurer par moi-même. (Provost aurait, entre autres, récupéré une pièce radiophonique de Vircondelet, diffusée autrefois sur France Culture, pour faire son scénario.)

Il n'empêche que le film reste absolument formidable et que Yolande Moreau y est époustouflante.


Délit d'outrage


Suite à la mise en garde à vue de mon frère, Guillaume Cingal, j'ai contacté le CODEDO et lu la Lettre au garde des Sceaux pour une dépénalisation du délit d'outrage de de Romain Dunand et Jean-Jacques Reboux (Editions Après la Lune.)

Ce petit ouvrage est très bien ficelé, ne demande pas que l'on autorise les insultes à agents de force de l'ordre, à enseignants, etc. mais que l'on dépénalise le délit d'outrage qui est devenu, pour la police, une façon d'appliquer la théorie selon laquelle la meilleure défense serait l'attaque.

Dunand et Reboux signalent que les policiers, quand ils vont être accusés d'avoir battu un suspect, préfèrent l'accuser de rébellion et d'outrage plutôt que de risquer eux-mêmes d'avoir des ennuis. Donc abus et dérives de ce délit.

J'ai aussi découvert, par l'affaire Dunand, que certains commentaires laissés sur la pétition en faveur de Guillaume seraient susceptibles de poursuites pour délit d'outrage. Dunand, ayant comparé la France des années 2000 à celle des années Pétain, a été condamné à 800 euro d'amende. Donc, signez cette pétition, mais restez modérés dans vos propos! (Surtout qu'il ne faut pas confondre dérive sécuritaire et Chili de Pinochet! Mon frère n'est pas Victor Jara même si sa situation est pénible actuellement…)

mercredi 27 mai 2009

Stéphane Guillon sur France Inter

Xavier Darcos veut forcer les enseignants ou les personnels d'encadrement à fouiller les cartables de nos chères têtes blondes en partant du principe que ce serait des délinquants en puissance.

Par ailleurs, deux bouts de chou qui avaient "emprunté" un vélo ont été arrêté par la police en Gironde à la sortie de leur école.

Quel état policier préparons-nous?

mardi 26 mai 2009

The Uncommon Reader d'Alan Bennett (Faber and Faber, 2007)

The Uncommon Reader d'Alan Bennett (traduit en français sous le titre La Reine des lectrices) est un court roman, une novella, un petit bijou d'hommage à la lecture.

Une bibliothèque ambulante passe près du château de Buckingham. Norman, un jeune homme qui fait la plonge au palais emprunte des livres lorsque la Reine passe près du camion, tout en promenant ses corgis. Par pure politesse, elle emprunte un livre.

Peu à peu, elle découvre les joies de la lecture: après avoir découvert Nancy Mitford, elle se laisse guider par Norman qui lui conseille systématiquement des auteurs homosexuels. La Reine ne pense plus qu'à lire, perturbant ainsi le protocole, les réceptions officielles et les discours télévisés. Son entourage ne pense plus qu'à une chose: l'empêcher de lire et se débarrasser de Norman.

La machine se met en marche…

Ce roman se lit en peu de temps, il est drôle, passionnant (on peut se faire une jolie liste d'oeuvres à lire par la même occasion d'ailleurs.) Et le côté joyeusement décalé de la Reine ne cesse de m'amuser. Vive les pays anglo-saxons où l'on peut utiliser presque librement l'image de personnes vivantes!

lundi 25 mai 2009

Les Dix Femmes de l'industriel Rauno Rämekorpi d'Arto Paasilinna (Denoël, 2009) Traduit par Anne Colin du Terrail


Je viens de lire Les Dix Femmes de l'industriel Rauno Rämekorpi d'Arto Paasilinna (Denoël, 2009). Rauno Rämekorpi, lors de son anniversaire, fêté dignement par son entreprise, se voit offrir des brassées de bouquets. Mais sa femme est allergique et il doit donc s'en débarrasser. Il fourre alors les fleurs, le caviar, le champagne, les restes du buffet dans sa voiture et part avec son chauffeur offrir le tout à dix femmes… qu'il culbutera les unes après les autres. Belle santé pour ses soixante ans, non?

Ayant apprécié l'expérience à sa juste valeur, il décide de fêter Noël par une semblable tournée, avec chacune des dix femmes qui l'on aidé à passer si joyeusement le cap de la soixantaine. Déguisé en Père Noël (et son chauffeur en lutin), il passe de domicile en domicile pour distribuer des cadeaux. Mais les choses ont bien changé, les dix maîtresses ont découvert l'existence des autres…

Une fois de plus, Arto Paasilinna propose un roman complètement débridé, fou (mais la recette commence parfois à être un peu répétitive peut-être, moins créative.) Il s'agit toutefois, comme d'habitude, d'un moment de plaisir assez jouissif.

dimanche 24 mai 2009

Mac contre PC

Une bonne série de publicités… pour une fois

samedi 23 mai 2009

Susan Boyle: elle est en finale

Après un début un peu difficile, Susan Boyle a chanté "Memory" de Cats (Andrew Lloyd Weber).

Elle sera donc en finale de Britain's Got Talent, avec la possibilité pour le vainqueur de chanter devant la Reine.

vendredi 15 mai 2009

Alexander McCall Smith


Je me suis rendu compte que j'avais pris BEAUCOUP de retard dans les aventures de la première agence de détectives féminine du Botswana: je suis donc en plein rattrapage et j'ai lu Blue Shoes and Happiness paru en 2006. Je suis en train de commencer The Good Husband of Zebra Drive (Polygon, 2007).

Il me reste donc The Miracle at Speedy Motors (Polygon, 2008) et Tea-Time for the Traditionally Built (2009).

Precious Ramotswe (appelée Mma Ramotswe par tous) continue à mener son agence avec beaucoup de succès, sur des affaires à la fois triviales et plus importantes, avec beaucoup d'humanité. Mma Makutsi, son assistante et secrétaire, est désormais fiancée à un riche commerçant et peut enfin s'offrir les chaussures de ses rêves sans avoir à compter.

mercredi 13 mai 2009

Mémoires de Porc-Epic d'Alain Mabanckou (Seuil, 2006)

J'ai continué sur ma lancée des aventures de Verre cassé. Mémoires de Porc-Epic est le récit par Verre cassé de Kibandi et de son double animal, un porc-épic, qui commet des meurtres invraisemblables grâce à ses piquants.

On retrouve le style unique de Verre cassé, son absence de ponctuation qui donne au récit un rythme unique et musical.

Toujours un très grand texte, peut-être encore plus original que Verre cassé. Décidément, je suis une grande fan de Mabanckou…

mardi 12 mai 2009

Verre Cassé d'Alain Mabanckou (Editions du Seuil, 2005)


Je viens de lire Verre Cassé d'Alain Mabanckou, un beau roman, sans ponctuation, qui décrit par le menu les personnages qui gravitent autour d'un bar congolais, Le Crédit a voyagé. Un jour, le patron du bar, L'Escargot entêté, confie à l'un de ses clients (Verre cassé) un cahier dans lequel il lui demande de raconter l'histoire de son bar.

Le résultat sera sûrement quelque peu surprenant pour le commanditaire du texte, mais unique dans sa conception. Verre cassé se fait le porte-parole des personnalités bigarrées de ce lieu et de leurs histoires originales.

Alain Mabanckou est un grand styliste, l'une des grandes voix de l'Afrique contemporaine (et je en dis pas juste cela parce que j'ai eu le plaisir et l'honneur de le croiser un jour dans les bureaux du Serpent à Plumes à l'époque où j'y sévissais comme directrice de collection du Serpent Noir.)

lundi 11 mai 2009

Obscura de Régis Descott (Lattès)


Je profite d'une immobilisation forcée (je suis hospitalisée pour des complications liées à ma grossesse) pour lire. Je viens de finir un roman prometteur, peut-être trop, qui m'a laissée sur ma faim: Obscura de Régis Descott.

A Aix-en-Provence, dans une bastide inoccupée, on découvre le cadavre dénudé d'une jeune femme. Mais ce qui est le plus surprenant est que le corps a été disposé de manière à rappeler Le Déjeuner sur l'herbe de Manet. A Paris, Jean Corbel, médecin des syphilitiques et des pulmonaires, est un passionné de l'oeuvre du grand peintre. L'affaire l'intéresse naturellement, puis le phénomène se reproduisant à Paris, il se retrouve mêlé à l'enquête.

Il croise alors le chemin d'Obscura, une ancienne prostituée, qui ressemble à l'Olympia de Manet.

C'est alors que j'ai trouvé que l'intrigue perdait de sa force originelle et devenait un peu attendue, voire poussive. Dommage car l'idée de départ était intéressante.

samedi 9 mai 2009

Blandy et Courances


Ma mère et moi avons fait du tourisme ce weekend: nous avons ainsi vu les châteaux de Blandy-les-Tours et de Courances.

Je connaissais déjà le beau château médiéval de Blandy, remis récemment en état, superbe. j'ai découvert celui de Courances, en Essonne. Il est ouvert d'avril à la Toussaint le week-end et les jours fériés. Il est toujours occupé, donc on visite peu de salles (c'est un peu frustrant, je dois reconnaître.) 

Le parc est absolument sublime (dommage, il faisait un temps épouvantable!) J'ai beaucoup apprécié le jardin japonais créé en 1914 par Berthe de Ganay et la grande allée de platanes qui amène au château. La Renaissance fut, par ailleurs, la période du "jardin d'eau" dont Courances est un exemple assez rare.

Le parc vient d'être réaménagé et on peut visiter un petit bois. Le travail de l'équipe est expliqué dans le petit café en face du jardin japonais et la paysagiste vient parfois faire visiter sa création elle-même…

vendredi 8 mai 2009

Les Mandarins de Liu Zhenyun (Bleu de Chine, 2004) traduit et annoté par Sebastian Veg


Je viens de lire Les Mandarins de Liu Zenyun, un court roman absolument formidable sur l'administration chinoise.

Tout commence quand les toilettes débordent dans une administration centrale. En effet, les rumeurs de remaniements persistantes font penser au personnel qu'ils n'ont plus trop à se soucier des autorités en place et ils en font alors fort peu.

De leur côté, les mandarins négocient, traitent, s'allient, se tirent dans le dos. Qui restera en place? Qui devra prendre sa retraite forcée? Qui aura le pouvoir? Qui devra courber l'échine?

Les trajectoires se croisent, se frôlent, s'évitent. On se flatte, on se plante des couteaux dans le dos. L'humour est très présent et on se doute bien que cela doit se passer ainsi… ailleurs qu'en Chine.

mercredi 6 mai 2009

Le Prince Charles défend la forêt tropicale





Les prises de position en faveur de l'environnement du Prince Charles ne sont pas une nouveauté, ni un phénomène de mode dans la mesure où il s'exprimait déjà dans ce sens alors même que tout le monde riait des écolos. Il a ici recruté du beau monde (le dalaï lama, Harrison Ford, Robin Williams, etc.)

dimanche 3 mai 2009

La Cendrillon du Canal de Liu Xinwu (Bleu de Chine, 2003) Traduction de Robert Darrobers


Je viens de lire La Cendrillon du Canal de Liu Xinwu, un très beau texte dont le récit se déroule à Pékin de nos jours. Caimei a quitté sa campagne pour travailler dans la capitale où elle fait des ménages. Mais une tumeur se développe sur son visage et ses employeurs la licencient les uns après les autres.

Il lui faudrait dix mille yuan pour se faire opérer, et sans emploi, elle n'y arrivera jamais. Surtout que sa famille attend qu'elle envoie sa paie à la maison…

Liu Xinwu propose alors une journée dans la vie de cette jeune femme, entre le moment où elle apprend qu'elle doit trouver une grosse somme d'argent à son agression le soir. Elle découvre alors les petits métiers qui s'exercent sur les bords du canal, les mendiants par exemple.

Caimei, résignée, ne se révolte pas: elle subit son sort pendant une journée. Elle va de rencontre en rencontre, croise le chemin de gens très généreux, d'escrocs, d'hommes et de femmes à la dérive comme elle.

Un tableau vibrant de la Chine contemporaine…