samedi 28 avril 2007

El pueblo unido jamás será vencido


Je vois bien une certaine chape de plomb nous tomber sur le coin de la tête le 6 mai s'il n'y a de sursaut électoral. Alors, puisque Sarko admire tant les Etats-Unis et la liberté de penser, je vais le renvoyer à une très belle chanson de Julos Beaucarne à propos de Victor Jara. Nous avons tant aimé la liberté d'expression, mes parents se sont battus pour elle en 1968 et en soutenant Amnesty International.




Julos Beaucarne
Lettre à Kissinger

j'veux te raconter Kissinger
l'histoire d'un de mes amis
son nom ne te dira rien
il était chanteur au Chili

ça se passait dans un grand stade
on avait amené une table
mon ami qui s'appelait Jara
fut amené tout près de là

on lui fit mettre la main gauche
sur la table et un officier
d'un seul coup avec une hache
les doigts de la gauche a tranché

d'un autre coup il sectionna
les doigts de la dextre et Jara
tomba tout song sang giclait
6000 prisonniers criaient

l'officier déposa la hache
il s'appelait p't'être Kissinger
il piétina Victor Jara
chante dit-il tu es moins fier

levant les mains vides des doigts
qui pinçaient hier la guitare
Jara se releva doucement
faisons plaisir au commandant

il entonna l'hymne de l'U
de l'unité populaire
repris par les 6000 voix
des prisonniers de cet enfer

une rafale de mitraillette
abattit alors mon ami
celui qui a pointé son arme
s'appelait peut-être Kissinger

Cette histoire que j'ai racontée
Kissinger ne se passait pas
en 42 mais hier
en septembre septante trois


Julos Beaucarne

Si vous ne connaissez pas Victor Jara, allez l'écouter chanter ici
Et puis pour faire bonne mesure, un peu de Jean Ferrat que je trouve bien dans le contexte actuel. (P.S. Jean, tu n'as jamais "baisé Delphine" :-)))


Jean Ferrat
Le bruit des bottes

Paroles: Guy Thomas. Musique: Jean Ferrat


C'est partout le bruit des bottes
C'est partout l'ordre en kaki
En Espagne on vous garotte
On vous étripe au Chili
On a beau me dire qu'en France
On peut dormir à l'abri
Des Pinochet en puissance
Travaillent aussi du képi

Quand un Pinochet rapplique
C'est toujours en général
Pour sauver la République
Pour sauver l'Ordre moral
On sait comment ils opèrent
Pour transformer les esprits
Les citoyens bien pépères
En citoyens vert-de-gris

A coup d'interrogatoires
De carotte et de bâton
De plongeon dans la baignoire
De gégène et de tison
Il se peut qu'on vous disloque
Ou qu'on vous passe à tabac
Qu'on vous suicide en lousdoc
Au fond d'un commissariat

Il se peut qu'on me fusille
Pour avoir donné du feu
Pour avoir joué aux billes
Avec un petit hébreu
On va t'écraser punaise
Pour avoir donné du pain
Pour avoir donné du pèze
Au petit nord-africain

Il se pourrait qu'on m'accuse
Avec un petit gourdin
D'avoir étudié Marcuse
D'avoir été sartrien
Ils auront des électrodes
Ils diront tu veux du jus
Pour connaître la période
Où j'étais au P.S.U.

A moins qu'ils me ratatinent
Pour mon immoralité
Pour avoir baisé Delphine
Pour avoir été pédé
A moins qu'ils ne me condamnent
A mourir écartelé
Entre l'amour de Roxane
Et celui du beau Dédé

Il se peut qu'on me douillette
Pour que je veuille attester
Qu'en mil neuf cent soixante-sept
Je lisais l'Humanité
Il se peut qu'on me tourmente
Et qu'on me fasse avouer
Que dans les années soixante
J'étais à la C.G.T.

A moins qu'ils me guillotinent
Pour avoir osé chanter
Les marins du Potemkine
Et les camps de déportés
A moins qu'avec un hachoir
Ils me coupent les dix doigts
Pour m'apprendre la guitare
Comme ils ont fait à Jara

C'est partout le bruit des bottes
C'est partout l'ordre en kaki
En Espagne on vous garotte
On vous étripe au Chili
Il ne faut plus dire qu'en France
On peut dormir à l'abri
Des Pinochet en puissance
Travaillent aussi du képi
Travaillent aussi du képi

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