jeudi 3 mai 2007

Débat Sarkozy-Royal



Ce que j'ai vu hier ? J'ai vu un homme politique chevronné se conduire comme l'un de mes étudiants lorsque, pendant leurs exposés, ils se tournent vers moi au lieu de faire face à leurs camarades. En effet, au lieu de regarder Ségolène Royal, Nicolas Sarkozy semblait demander sans cesse l'approbation des journalistes, et répondait en les regardant. Par ailleurs, lorsque Ségolène Royal l'a coincé sur le problème de scolarisation des handicapés, il s'est mis à se tasser sur sa chaise. Comme le dit l'une de mes amies, on ne sait pas s'il est un abominable ou un nabot minable. Il fouillait désespérément dans ses notes ("Voyons, A, B, C… H, "handicapés: sujet à éviter." Flûte, j'aurais dû vérifier avant !")

J'ai beaucoup aimé la façon que Ségolène Royal a de bondir sur la balle : la façon dont elle a relevé le "moi, c'est pire" de Sarkozy ou son "je ne peux pas." ("Je ne vois pas pourquoi vous demandez à devenir président, moi je peux.")

Par contre, Sarkozy donnait l'impression, même si on trouve son projet atroce, d'être plus carré sur les sujets économiques. En ce qui concerne les non-remplacements des fonctionnaires partant en retraite (voir le blog de mon ami Denis), il a précisé son projet. Il souhaite supprimer les postes qui font doublon au niveau national et dans les régions, ainsi que des emplois de douaniers ou au Trésor Public. Il veut également fusionner les ASSEDIC et l'ANPE.

Nicolas Sarkozy a par ailleurs eu le culot de souligner le fait que les impôts des régions ont considérablement augmenté. Or, l'Etat a transmis un grand nombre de postes de dépenses aux régions sans leur confier les revenus y afférant.

Le coup de patte de la mule : Ségolène a bien rappelé qu'elle ne pensait pas que le pédophilie fût génétique. (J'aurais bien ajouté que si la criminalité était héréditaire, Sarkozy devait être un sacré facho !) Elle a également soulevé le problème des immigrantes illégales battues par leur mari. Est-ce, comme le fit Chirac en son temps en parlant du village en Corrèze d'où venait Mme Pingeot, un clin d'oeil à la main courante de Cécilia pour violence conjugale ? Sarkozy a d'ailleurs signalé que les femmes battues recueillies par une association qui lui est proche (Coeur de Femmes) seraient régularisées, pas nécessairement les autres. Une peau de banane, un crétin déstabilisé par la références aux femmes battues et… paf !
Autre bonne remarque : Ségolène Royal a signalé qu'elle ferait respecter la loi sur le logement social, même à Neuilly. J'adore cette femme. Je vais devenir royalolâtre si je n'y prends garde.

Ce qui m'inquiète en ce qui concerne l'éducation nationale : Nicolas Sarkozy veut démanteler la carte scolaire, créant ainsi des ghettos scolaires dans les zones pauvres et/ou difficiles. Il veut par ailleurs donner aux établissements le choix des programmes, ce qui ne favoriserait pas la mobilité des élèves. Ceux-ci devraient sûrement rattraper des bouts de programmes dans certains cas, ou s'ennuyer sur une leçon déjà sue dans d'autres.

Plus intéressant serait la promesse (sûrement pas tenue) de donner la présidence de la Commission des Finances à l'opposition.

En ce qui concerne les institutions, je suis séduite par l'idée de Ségolène Royal de fonder une Sixième République, d'interdire le cumul des mandats et d'offrir la possibilité aux citoyens d'initier un référendum d'initiative populaire (possibilité existant aux Etats-Unis et ayant fait ses preuves.)


Pour moi, Ségolène Royal a gagné ce débat. J'attends avec impatience de voir qui va tenir leurs rôles, comme Jacques Weber et Jean-François Balmer jouent Giscard et Mitterrand actuellement.

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