lundi 21 mai 2007

Blog d'Alain Juppé

Je viens d'envoyer le mail suivant à Alain Juppé par l'intermédiaire de son blog.

Monsieur le Ministre d'Etat,

Comme bien des écologistes, je m'étais inquiétée en entendant les propos de Claude Goasguen aux "Yes Men". Je vois que j'avais bien fait de m'inquiéter: on se retrouve avec un Ministre d'Etat qui défend les chasseurs même (surtout?) quand ils souhaitent chasser en période de reproduction, qui défend la corrida, etc. On va passer pour des imbéciles auprès de l'Europe.

J'espère que vos convictions un peu étranges pour un Ministre d'Etat en charge de l'écologie ne vous feront pas tourner le dos aux projets en cours: travail sur les énergies alternatives (avec un vrai budget de recherches), protection des espèces menacées, vraie réflexion sur la torture envers les animaux (en particulier la torture gratuite que représente la corrida), réflexion sur l'eau (et en particulier sur les agriculuteurs landais qui drainent leurs terrains et continuent d'irriguer en plein jour et en plein été - j'ai tout comme vous grandi dans les Landes), etc.

Je dois avouer que je suis très inquiète.
Veuillez agréer, Monsieur le Ministre d'Etat, l'expression de mes salutations respectueuses.

D. Cingal

3 commentaires:

Delphine Cingal a dit…

Le gouvernement tente de vaincre les réticences des ONG écologistes
LE MONDE | 21.05.07 | 11h21 • Mis à jour le 21.05.07 | 12h24

Feuille de route
Interrogé, dimanche 20 mai, lors du "Grand Jury RTL-Le Figaro-LCI" et sur France Info, M. Juppé a lancé des pistes.

Nucléaire. "Si le nucléaire n'est pas la solution [au réchauffement climatique], il n'y a pas de solution sans nucléaire. Il faut donc mettre en œuvre le programme de centrales de la troisième génération, tout en préparant la quatrième génération".

OGM. Le ministre de l'écologie plaide en faveur de la poursuite des recherches "strictement et sérieusement contrôlées".

Transports. La lutte contre le réchauffement climatique supposera de "s'attaquer aux transports aériens", aujourd'hui exemptés de toute contrainte.

Croissance. "Je pense que nous pouvons inventer une nouvelle croissance, qui s'accompagne évidemment d'une décroissance des gaspillages, de la surexploitation des ressources naturelles."



Les organisations non gouvernementales (ONG) écologistes françaises n'ont jamais connu un tel démarrage en trombe. Quatre jours après la nomination d'Alain Juppé comme numéro deux du gouvernement, chargé de l'écologie, du développement et de l'aménagement durables, elles sont reçues à l'Elysée, lundi 21 mai, afin d'exposer à Nicolas Sarkozy et Alain Juppé leurs priorités.

Au menu de la rencontre, les discussions sur la forme et le contenu du "Grenelle de l'environnement" prévu en septembre. Nicolas Hulot et sa fondation, les Amis de la terre, Greenpeace, la Ligue pour la protection des oiseaux, la ligue ROC pour la protection de la faune sauvage, le WWF (Fonds mondial pour la nature), France-Nature-Environnement, Ecologie sans frontières et le Réseau Action Climat participeront à cet exercice inédit.

M. Juppé leur a donné une garantie en affirmant, dimanche 20 mai lors de l'émission "Ripostes" sur France 5, que le "Grenelle", qui doit réunir l'Etat, les ONG et les partenaires sociaux, ne se résumerait à une simple "conférence sur l'état de la planète". Selon le ministre, il s'agira de négocier sur une dizaine d'objectifs concrets. C'est la première exigence des associations, qui redoutent "un énième diagnostic sur la gravité de la crise", et exigent des "solutions", selon un document transmis au gouvernement.

"SANS TABOU"
Les ONG souhaitent pouvoir débattre de tous les sujets "sans tabou" : nucléaire, OGM, pollutions agricoles et industrielles, surpêche, politique des transports et de l'habitat, etc. Elles demandent "une vraie négociation" (donc un nombre réduit de participants), et, pour toute mesure adoptée, "un calendrier, une garantie de moyenset un suivi".

Les perspectives européennes et internationales devront également être abordées, selon elles. Toujours dans le cadre de la préparation du rendez-vous de septembre, des scientifiques comme le climatologue Jean Jouzel, le biologiste Jean-Marie Pelt ou l'économiste Christian de Boissieu devaient également être reçus à l'Elysée, lundi après-midi.

Selon le porte-parole de Nicolas Hulot, Jean-Paul Besset, le Grenelle de l'environnement sera un "moment historique", qui résulte directement du "rapport de force" instauré par Nicolas Hulot et l'Alliance pour la planète, une coalition des principales associations, pendant la campagne. Les ONG s'y rendront avec la volonté "d'avancer concrètement sur les dossiers sur lesquels des convergences peuvent être trouvées", selon M. Besset.

PRUDENCE
La difficulté consistera à s'accorder sur le fond. Les écologistes n'oublient pas que, parmi les principaux candidats à l'élection présidentielle, Nicolas Sarkozy était le plus éloigné de leurs positions. Il a signé le Pacte écologique de M. Hulot, mais en émettant des réserves, par exemple sur la création d'une taxe progressive sur le carbone ou la réorientation des subventions vers une agriculture de qualité. Quant à l'Alliance pour la planète, elle avait donné 8,5/20 à son programme (contre 13/20 pour François Bayrou et 16/20 pour Ségolène Royal). L'Alliance réclame quatre moratoires – sur la culture des OGM en plein champ, sur les incinérateurs d'ordures ménagères, sur les autoroutes et sur le réacteur nucléaire de troisième génération EPR. Aucun n'a été approuvé par M. Sarkozy, qui a été toujours été très clair sur son soutien à l'énergie nucléaire. Il n'est pas fermé à un débat sur les cultures commerciales d'OGM en plein champ. Le pilier de son programme est un doublement de la fiscalité écologique, dont le détail n'a pas été chiffré.

Certains font donc part de leur prudence. "Il ne s'agit pas de reproduire ce qui s'était passé sur l'EPR, où la construction avait été décidée par la loi alors que le débat public n'était pas terminé, explique Arnaud Gossement, porte-parole de FNE. Nous ne servirons pas de faire-valoir." Yannick Jadot, directeur des campagnes de Greenpeace et porte-parole de l'Alliance pour la planète, assure engager les discussions dans un esprit "constructif". "Si M. Juppé perpétue le statu quo, qui veut que tous les grands dossiers environnementaux soient gérés en direct avec l'industrie et l'agriculture, nous ne participerons pas aux discussions, affirme toutefois le militant. Nous n'irons pas pour négocier à la marge." Certaines associations condamnent déjà le "Grenelle". Le réseau Sortir du nucléaire, qui réclame l'abrogation du décret sur l'EPR paru entre les deux tours de l'élection présidentielle, fustige la "ligne Hulot", c'est-à-dire "la participation pieds et poings liés à ce Grenelle qui semble d'ores et déjà n'être qu'une validation des pires pollutions".

Gaëlle Dupont



Edito du Monde
L'enjeu écologique

LE MONDE | 21.05.07 | 13h17 • Mis à jour le 21.05.07 | 15h27


Les écologistes n'en espéraient sans doute pas tant de la part de Nicolas Sarkozy, qui n'avait pas fait de l'environnement l'un de ses grands thèmes de campagne. Et pourtant. Premier acte : le président déclare le soir de son élection que le réchauffement climatique sera "le premier combat de la France". Deuxième acte : l'ancien premier ministre Alain Juppé devient numéro deux du gouvernement, ministre d'Etat, chargé de l'écologie, du développement et de l'aménagement durables. L'écologie est propulsée du 13e au 2e rang de la hiérarchie gouvernementale. Sous son autorité sont regroupées les compétences traditionnelles de l'environnement, mais aussi celles des transports, de l'urbanisme, de l'énergie et de l'aménagement du territoire. L'ancien ministère s'efforçait, avec de faibles moyens, de gérer les conséquences de décisions prises ailleurs. M. Juppé a désormais l'autorité sur les causes, agriculture exceptée.

Le choix d'Alain Juppé peut surprendre. Il n'est pas un spécialiste des dossiers environnementaux, même si son année passée au Canada l'aurait, dit-on, converti à la cause de l'écologie. Aux sceptiques, il répond qu'il vaut mieux "l'enthousiasme du néophyte que la lassitude du blasé". Quoi qu'il en soit, chacun pressent qu'un ancien premier ministre ne revient pas dans un gouvernement comme numéro deux pour y faire de la figuration.

Troisième acte enfin : Nicolas Sarkozy et Alain Juppé reçoivent, lundi 21 mai, les principales ONG écologistes afin de préparer le "Grenelle de l'environnement" de septembre, qui sera une véritable négociation, selon M. Juppé, et non une nouvelle péroraison sur l'état de la planète. Les ONG devront de leur côté prouver qu'elles peuvent s'unir pour être plus puissantes et qu'elles peuvent participer à l'élaboration d'une politique nationale avec un gouvernement.

Tout cela est une rupture avec les gouvernements de droite et de gauche qui reléguaient ces questions à l'arrière-plan. Les temps ont changé. L'impact de l'activité humaine sur le climat est désormais une certitude. L'opinion publique presse les élus d'agir. M. Sarkozy veut montrer qu'il a compris l'enjeu.

Reste à entrer dans le vif du sujet. Les questions environnementales sont par nature conflictuelles : la protection des ressources naturelles contrarie des agriculteurs et les industriels qui forment la clientèle électorale de la droite. De nombreux écologistes craignent de voir l'environnement "digéré" par les administrations puissantes des transports et de l'énergie dans le grand ministère de M. Juppé. Les choix de MM. Sarkozy et Juppé seront déterminants. Les marges de manoeuvre sont considérables. Leurs responsabilités le sont d'autant plus.

Article paru dans l'édition du 22.05.07.

Delphine Cingal a dit…

Décryptage - Grenelle écolo : révolution verte ou virage contre nature ? (Libé)

Par Alexandra SCHWARTZBROD
Libération, lundi 21 mai 2007

Le premier lundi du nouveau pouvoir en place va être consacré à... l'environnement. Du jamais vu ! Ce matin, flanqué d'Alain Juppé, son «superministre» de l'Ecologie, Nicolas Sarkozy doit recevoir à l'Elysée les représentants des dix associations de défense de l'environnement qui l'avaient auditionné le 31 mars. Parmi eux, l'incontournable Nicolas Hulot, par qui le buzz écologique est arrivé.
Objectif de cette réunion qui se poursuivra dans l'après-midi par une rencontre avec divers experts : préparer pour l'automne un «Grenelle de l'environnement», une idée lancée par les ONG et reprise par un Sarkozy un peu vexé d'avoir été le plus mal noté de tous les candidats à la présidentielle par l'Alliance pour la planète.
Sur la forme de ce Grenelle, politiques et associations semblent s'être mis d'accord : ce ne sera pas une énième conférence sur les dangers du réchauffement, mais bien une négociation destinée à déboucher sur des mesures concrètes à prendre dans les cinq ans. Sur le fond, ils se disent tous sans tabou. Même Greenpeace, qui a fait de la lutte contre le réacteur nucléaire EPR une de ses principales batailles durant la campagne électorale. Mais un printemps de bonnes intentions ne faisant pas forcément un automne de résultats, Libération donne la parole à cinq acteurs clés de la sphère écolo.


«Sans volonté d'aboutir, ça ne servira à rien»

Nicolas Hulot. Président de la Fondation Nicolas-Hulot
Par Alexandra SCHWARTZBROD

La nomination d'Alain Juppé ?
Qu'il y ait, dans un gouvernement de droite, un numéro 2 chargé du développement durable, ex-ministre des Affaires étrangères et ex-Premier ministre, c'est un symbole positif ! Preuve que la mobilisation des 750 000 personnes qui ont signé le Pacte écologique et l'obstination à créer l'Alliance pour la planète ont été utiles. Mais il va falloir regarder ses attributions dans le détail. Il faut qu'il ait sous la main des outils de prospective et de planification : Centre d'analyse stratégique [ex-Commissariat au plan], Conseil économique et social... Qu'on intègre à l'Académie des sciences des chercheurs branchés sur les sciences de l'écologie. Et aussi qu'il ait un secrétariat d'Etat, si possible confié à Nathalie Kosciusko-Morizet, la femme politique qui, à droite, connaît le mieux ces sujets. Avec cet attelage, la stature et les réseaux alliés à la compétence, on fera peut-être du bon boulot.

Les ONG sont-elles prêtes à jouer le jeu ?
Toutes veulent aboutir et s'accordent sur la forme de ce Grenelle. Qu'il ne soit pas un état des lieux, mais une vraie négociation entre politiques, pêcheurs, agriculteurs, industriels, chercheurs, syndicats... On ne peut plus déconnecter cet enjeu des enjeux sociaux et économiques.

Les dossiers les plus chauds ?
Transports, énergie, logement, agriculture... Et fiscalité : il faut déplacer la fiscalité du travail sur la fiscalité énergétique et environnementale. Pour encourager les bons comportements et susciter la créativité industrielle. Quant au nucléaire, il y a un moment où il faut avancer. Nous n'abordons pas des discussions, mais une vraie négociation.

L'écologie est à un tournant ?
Elle est sortie de l'ombre, devenue une réalité, un peu grâce à nous. Il y aura toujours besoin d'activistes. Mais il faut créer des passerelles de dialogue. Mon rôle, c'est celui-là: mettre en relation des gens qui ne se parlaient pas ou qui étaient dans l'affrontement. Le job a été fait, chacun doit prendre sa part de responsabilités. Mais je ne suis pas béat, la conversion n'est pas encore là. Raison de plus pour avoir une bonne architecture de départ. Les Verts ? Ce n'est pas sain que, dans le rapport de forces politique, ils soient si peu présents. J'espère qu'aux législatives ils ne seront pas laminés. Car c'est aux écologistes politiques de continuer le travail aux niveaux local et régional.

Pour les législatives, vous continuez la mobilisation ?
Oui, on a lancé un Pacte écologique législatif, envoyé à tous les candidats. Pour l'instant, on a reçu plus de 150 réponses. Quand on aura identifié les députés signataires du Pacte, on veut créer un vrai dialogue. Il faut être constructif. S'il n'y a pas, chez nos dirigeants, une volonté d'aboutir sur ces sujets, ce Grenelle de l'environnement ne servira à rien.

«Si Juppé a vu la lumière, tant mieux»

Yannick Jadot. Directeur des campagnes de Greenpeace France
Par Alexandra SCHWARTZBROD

La nomination de Juppé ?
J'y suis plutôt favorable, car l'environnement est ignoré dans la décision politique en France, on a un Ministère réduit au problème de l'ours... On a tout à gagner à avoir quelqu'un qui pèse et qui voudra faire ses preuves. Il faut faire bouger les lignes, secouer l'administration, peser face aux grands corps type Mines ou Ponts et Chaussées ! Donc si Juppé a vu la lumière, tant mieux...

Etes-vous prêt à discuter même si le nucléaire n'est pas remis en question ?
Pour nous, il n'y a pas de sujet tabou. Car il y a urgence. On va demander que le décret EPR soit suspendu. Mais on n'en fera pas la condition sine qua non de notre participation. Sur les OGM, Sarkozy s'est dit ouvert, on va voir. Ce qu'on veut, avec ce Grenelle, c'est mettre des propositions sur la table, en discuter avec l'Etat, les entreprises et les syndicats. Et ouvrir à l'international. Qu'on valorise les success stories afin de gagner du temps. Ailleurs, des solutions existent. Il faut les adapter. Et on sera vigilant sur le G8 de juin. Que Nicolas Sarkozy ne brandisse pas le nucléaire contre le réchauffement comme l'a fait Thierry Breton au dernier G8.


«Je regrette l'attitude de la gauche en 1997, nous avons pris dix ans de retard»

Dominique Voynet. Candidate des Verts à la présidentielle
Par Alexandra SCHWARTZBROD

La réunion du jour ?
Le but de ce gouvernement, c'est de gagner les législatives en déstabilisant les composantes de la gauche. Je suis donc prudente. Mais le poids de Juppé montre que l'alerte écologique a été entendue. Même s'il ne dispose pas, contrairement à un vice-Premier ministre chargé du développement durable, d'un rôle d'arbitre. Autre souci : le cumul. Il y a, à mon sens, incompatibilité entre ses fonctions locales et un ministère comme le sien. Le ministre de l'Ecologie doit être impartial, sans intérêts à défendre. Par ailleurs, il faut aller vers un autre type de société. On attend de Juppé non pas de la technique, mais de la philosophie. Sera-t-il capable de tenir tête aux lobbies ?

Les dossiers les plus brûlants ?
Le changement climatique, l'eau, la crédibilité de la France (à Bruxelles, à l'OMC...), l'étalement urbain, la mutation des transports... Le nucléaire ? Si on n'en voulait pas, il fallait voter pour un autre président. Les Français se sont exprimés. Mais sans être d'accord, on peut plaider pour autre chose. Au vu de la nouvelle architecture gouvernementale, je regrette encore plus l'attitude de la gauche en 1997. En dépit des efforts des Verts, ces questions ont été jugées subalternes. Et nous avons pris dix ans de retard...


«Cet événement risque d'être une mise en valeur des choix du gouvernement»

Stéphane Lhomme. Porte-parole de Sortir du nucléaire
Par Alexandra SCHWARTZBROD

Pourquoi n'êtes-vous pas à l'Elysée ce mati n ?
On n'a pas été invité, ça prouve que Sarkozy ne compte pas discuter du nucléaire. Si on l'avait été, on y serait allé. Pour dire : d'accord pour un Grenelle de l'environnement, mais sans préalable sur le nucléaire. Les premières déclarations de Juppé semblent montrer que la question est tranchée, c'est inacceptable ! Un décret autorisant la création de l'EPR a été pris la semaine précédant la présidentielle. Nos nouveaux dirigeants nous ont assez dit qu'ils prônaient la rupture : qu'ils le prouvent. Il faut abroger ce décret, quitte à en reprendre un autre après.

Si ce n'est pas le cas ?
On dénoncera ce Grenelle en manifestant devant ses portes. On ne s'en prendra pas aux ONG elles-mêmes, à elles de voir si elles sont prêtes à participer à un événement qui risque d'être une mise en valeur des choix du gouvernement.

Le choix de Juppé ?
Je le connais, on vient tous les deux de Bordeaux. Il prétend avoir pris conscience du problème écologique, mais il soutient le contournement autoroutier de la ville avec couloir à camions. Et, sur le tri des déchets, sa ville est une des pires ! Il a tout à prouver.


«L'Europe se fera sur l'écologie»

Serge Orru. Directeur de WWF France
Par Alexandra SCHWARTZBROD

Comment abordez-vous cette réunion ?
C'est la première fois que des organisations environnementales sont reçues à ce niveau pour faire un Grenelle de l'écologie. Le pire, c'est que le président élu a été le plus mal noté par l'Alliance pour la planète ! Pour ce Grenelle, l'idée c'est de voir avec le gouvernement ¬ mais aussi avec les industriels, syndicats et associations ¬ comment on met en pratique, dans notre quotidien, des principes technologiques qui vont créer de l'emploi, limiter les émissions de CO2 et rendre les villes et les banlieues vivables. Il faut une grande volonté de part et d'autre. On ne lâchera rien !
Vos urgences ?
La maîtrise de l'énergie, l'isolation des bâtiments anciens, la taxe carbone... Le gouvernement qui vient d'être nommé est pour le nucléaire. A nous de le convaincre de l'inverse. Côté déchets, il faut obtenir un contrôle permanent des fumées des 138 incinérateurs français. Si ce n'est pas toxique, très bien, mais vérifions-le !... Autre urgence : la préparation de la présidence française de l'UE. Si l'esprit européen doit se faire, ou se refaire, ce sera sur l'écologie. On a inventé le concept d'ingérence humanitaire, il faut maintenant inventer celui d'ingérence écologique.

Delphine Cingal a dit…

J'adore Yves Cochet



Yves Cochet, député Verts de Paris
"Il serait bien ingénu de croire qu'on peut attendre quoi que ce soit de ce gouvernement en matière d'écologie"
LE MONDE | 21.05.07 | 11h34 • Mis à jour le 21.05.07 | 12h31


Nicolas Sarkozy a invité les associations écologistes à l'Elysée pour préparer un "Grenelle de l'environnement". Les Verts sont spectateurs. Le signe que cette thématique vous échappe ?
Non. C'est normal que le président de la République invite les ONG de l'environnement et pas les partis politiques. Si on se réfère à l'histoire, en 1968, lors de la négociation des accords de Grenelle, les syndicats avaient été conviés à la négociation, pas les formations politiques de l'opposition. Les ONG comme l'Alliance, le WWF, la Fondation Nicolas Hulot et Greenpeace vont discuter de la forme que va prendre ce "Grenelle de l'environnement". Rien ne plus normal. Les Verts n'ont pas vocation à y être.


Mais qui peut croire qu'on peut attendre une vraie inflexion écolo de la part d'Alain Juppé ou de Nicolas Sarkozy ? Il y a quelques jours, j'étais invité à une émission de la chaîne Public Sénat avec un représentant de l'UMP, Yves Jégo.

Je lui ai posé trois questions. Sur le nucléaire : le gouvernement va-t-il renoncer à l'EPR ? Sur les organismes génétiquement modifiés : va-t-il continuer la culture de milliers d'hectares d'OGM en plein champ ? Et, enfin, va-t-il maintenir le programme autoroutier ? Le député de Seine-et-Marne a répondu que, évidemment, le président de la République allait poursuivre ces programmes comme il l'avait assuré pendant la campagne présidentielle. Sa seule proposition était de dire qu'il fallait éteindre les appareils de télévision en veille pour faire des économies d'énergie. C'est dérisoire ! Alain Juppé va donc appliquer le programme de Nicolas Sarkozy. Je le répète : il serait bien ingénu de croire qu'on peut attendre quoi que ce soit de ce gouvernement en matière d'écologie.

Propos recueillis par Sylvia Zappi