mardi 5 juillet 2011

Ce que j'appelle oubli de Laurent Mauvignier (Editions de Miunit, 2011)



Il est très difficile de décrire ce court roman qui se lit d'une traite et d'où l'on sort essoufflé (le fait qu'il s'agisse d'une longue phrase de soixante-deux pages n'y est pas pour rien!)
Le point de départ: à Lyon, en 2009, un homme boit une canette de bière en plein supermarché. Aussitôt saisi par les vigiles, il est entraîné à l'écart et tabassé à mort. L'excuse de ses bourreaux: il les aurait insulté et son coeur était faible et aurait lâché. Mensonges bien vite écartés par la vérité scientifique des médecins légistes.

Mais bizarrement, l'élément le plus choquant ouvre ce roman: "et ce que le procureur a dit, c'est qu'un homme ne doit pas mourir pour si peu, qu'il est injuste de mourir à cause d'une canette de bière…" Dans un pays où la peine de mort a été abolie il y a trente ans, qu'est-ce qui serait considéré comme une cause valable de tabassage à mort? Telle est la question centrale de ce roman.

Le narrateur s'adresse au frère de la victime et, peu à peu, le lecteur devient partie civile, le narrataire du récit. L'injustice même des paroles du procureur nous frappe dès les premières lignes in medias res. C'est sûrement cela un vrai texte révolutionnaire, une petite chose qui en dit long sur toute une société aveugle à la misère et à la violence tant physique que verbale…

Aucun commentaire: