Crime d'amour d'Alain Corneau avec Kristin Scott Thomas, Ludivine Sagnier, Patrick Mille

Les hasards du calendrier ont fait que je suis allée voir Crime d'amour d'Alain Corneau le lendemain de la disparition du réalisateur. Ce film ne sera pas celui qui aura le plus marqué la carrière de celui-ci, mais pour qui aime les crimes parfaits, avec des rebondissements, on ne boudera pas son plaisir malgré quelques invraisemblances procédurières (dont l'incroyable disponibilité du juge d'instruction.)

Le face-à-face entre Kristin Scott Thomas et Ludivine Sagnier est glaçant. Toutes deux femmes d'affaires, une compétition professionnelle va virer au cauchemar, au harcèlement moral et à la vengeance sanglante. Toutefois, je continue à avoir le même bémol concernant Ludivine Sagnier: elle joue toujours de la même façon d'un film à l'autre.

Le Bruit des glaçons de Bertrand Blier, avec Jean Dujardin, Albert Dupontel, Anne Alvaro et Myriam Boyer

J'ai profité du retour de ma fille chez sa nounou pour prendre le temps d'aller au cinéma. Je suis allé voir Le Bruit des glaçons de Bertrand Blier, avec Jean Dujardin, Albert Dupontel, Anne Alvaro et Myriam Boyer. L'histoire est simple: un écrivain qui a un sérieux problème d'alcoolisme et qui transporte partout un seau à glaçons avec une bouteille de vin blanc dedans voit un jour apparaître un être bizarre chez lui. Celui-ci déclare être son cancer et lui colle aux pas.

Sa gouvernante se trouve bientôt aussi flanquée d'un cancer femelle (aux seins). Le malheur les rapprochant, cet homme et cette femme vont tenter de se débarrasser de ces deux malfaisants (Dupontel et Myriam Boyer, cyniques à souhait) et de tenter d'être heureux, tout simplement.

Un film qui permet de voir le cancer sous un autre jour, avec un peu plus d'humour, mais aussi comme un ennemi terrifiant. Les quatre acteurs principaux sont excellents. Un bon film.

Sarah Palin et le "Fifty Nifty"

Les talents de géographe de Sarah Palin lui ont valu bien des critiques. Mais nos amis américains ont un talent indéniable de parodistes et ils ont repris le "Fifty Nifty", chanson pour permettre aux enfants de retenir les noms des cinquante états américains.

A titre d'information, voici l'original:

L'Echo des cavernes: Ou comment l'homme de cro-magnon a inventé la grammaire de Pierre Davy

Ne vous êtes-vous jamais demandé comment le langage avait surgi au milieu des grognements? Et bien voici le récit autobiographique de l'inventeur du langage, Adam, un homme de cro-magnon.

Tout d'abord, il y eut le Verbe, enfin, non, le nom, puis le verbe, puis tout un tas de trucs compliqués et de notions permettant de nuancer ses phrases.

Dans la lignée de Pourquoi j'ai mangé mon père de Roy Lewis, ce livre plein d'humour présente la langue française dans sa plus vaste richesse. Un bon moment de lecture!

Papa est au Panthéon d'Alix de Saint-André (Gallimard, 2001)

Un nouveau conservateur est nommé à la tête du Panthéon. Outre un pique-nique folklorique avec femme et filles, il décide de dépoussiérer la réputation de l'ancienne église Sainte-Geneviève, transmise aux Grands Hommes par la Patrie reconnaissante.

Il choisit donc de proposer de faire entrer Berger, écrivain gauchiste, et contacte Nina, sa fille. Petit hic: le corps a disparu dans un bombardement guatémaltèque. Puis, après moult recherches, il s'avère que Berger est devenu en grande partie amnésique et est toujours vivant. Or, renouant avec son passé, il tient à être panthéonisé.

Le comité fait alors face à un parcours du combattant un peu morbide, une chasse aux cendres (n'importe lesquelles) du grand homme. Un roman très drôle où l'on apprend beaucoup sur le Panthéon (dont la disparition des restes de certains immortels: où sont-ils passés?)

Ingrid Caven de Jean-Jacques Schuhl (Gallimard, 2000)

Prix Goncourt 2000, ce roman est un tableau pointilliste, un hommage de l'auteur à sa femme (qui fut auparavant l'épouse de Fassbinder et l'égérie de Saint Laurent).

La construction de l'oeuvre, par petites touches, donne l'impression qu'Ingrid Caven fait la danse des voiles. On la saisit, elle vous échappe, elle est humaine, puis mystérieuse, chanteuse et actrice.

Un beau roman, original, un Prix Goncourt courageux. Je dois avouer avoir découvert Ingrid Caven par cet hommage amoureux, pourtant je l'avais aperçue, fugace, dans certains films.

Le Baiser de la pieuvre de Patrick Grainville (Seuil, 2010)

"Le rêve de la femme du pêcheur" est l'estampe érotique la plus connue d'Hokusai. C'est aussi le point de départ du dernier roman de Patrick Grainville. Les corps, celui terrestre de la femme et celui maritime de la pieuvre, se mélangent, sont inséparables, indéliables.

C'est à cette scène entre la veuve Tô et une pieuvre qu'assiste Haruo, un jeune et bel adolescent, admiré et convoité de toutes les femmes du village.

Cette scène primale va peu à peu envahir la sensualité et la sexualité des divers personnages, Allan, Sâto (une femme mariée qui partage ses largesses avec tous les hommes qui lui plaisent, surtout Allan)…

Un roman sensuel, fondé sur l'une des plus belles estampes du Maître Hokusaï.

Une Fille dans la ville de Flore Vasseur (Editions des Equateurs, 2006)

Le premier roman de cet auteur de talent tourne autour de la génération 9-11. La narratrice va de Paris, à New York (où elle monte une société e-business), à Mexico, à Kaboul à la poursuite de l'amour (Nicolas) et peut-être dans l'espoir insensé d'être utile…

Elle tente à la fois de surfer sur la vague de la mondialisation tout en ne se sentant pas toujours à sa place dans cette économie.

Bref, nous les" jeunes" des années 1970 (Flore Vasseur est nées en 1973) sommes face à une pagaille indescriptible, géopolitique, politique, humanitaire, écologique, technologique… et cela se ressent dans nos vies personnelles (parfois à la limite du ridicule.)

Un beau premier roman.

Bagnères-de-Bigorre (France, 65)

Bagnères-de-Bigorre (France, 65)
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Un peu de pub pour un bouquiniste associatif (livres peu chers, mais surtout ateliers d'écriture, lectures, etc.)

Facile à trouver: en face des Grands Thermes de Bagnères-de-Bigorre.

Adhésion: 5 euro/an. Association loi de 1901.

20 rue des Thermes

65200 Bagnères de Bigorre

06 64 09 01 81

Lien:

La Dépêche

Victoria: les jeunes années d'une reine de Jean-Marc Vallée (2009), avec Emily Blunt, Rupert Friend, Paul Bettany…

Une biographie de Victoria, juste avant le début de son règne, puis pendant les premières années de celui-ci. Hélas, j'ai repéré un certain nombre d'erreurs historiques qui ont un peu gâché mon plaisir (oui, je sais, on va encore dire que les victorianistes devraient éviter ce genre de film, mais bon, on ne se refait pas.)

Toutefois, certains thèmes sont bien traités (le jeu politique international, les relations mère-fille, les tâtonnements de Victoria dans les premiers temps, le tandem Victoria-Albert avant que celui-ci ne devienne un conseiller hors pair et un concepteur de génie, etc.)

Agora de Alejandro Amenábar (2008) avec Rachel Weisz, Max Minghella

Mon petit péché mignon, outre le chocolat, est le péplum. J'ai donc sauté sur ce film au Vidéo Club de Bagnères et j'ai été profondément déçue par la platitude du jeu.

Au IVème siècle, à Alexandrie, les chrétiens se révoltent. Les destructions menacent d'atteindre la bibliothèque où un groupe d'étudiants se réunissent autour d'Hypatie qui prône la tolérance entre les religions et refuse de devenir chrétienne pour sauver sa vie. Un si beau sujet eût mérité un traitement plus humain, moins centré sur les effets spéciaux (chute de piliers et autres catastrophes architecturales) et plus sur les personnages et leurs dilemmes.

En fait, très rapidement, on se contrefiche du sort des personnages et on envisage de prendre son coussin préféré dans le but non dissimulé de traiter par l'ennui une insomnie persistante.

Commis d'office d'Hannelore Cayre (2009) avec Roschdy Zem, Jean-Philippe Ecoffey, Mathias Mlekuz

Hannelore Cayre a mis en image son propre roman éponyme et le résultat est tout à fait respectable, assez classique, mais servi par des acteurs incroyables qui rendent au texte son suspense, son humour et son rythme. Donc un bon premier film à voir absolument.

Antoine Lahoud est un petit avocat, souvent commis d'office (donc mal payé), que repère un jour Henri Marsac, grand avocat un peu véreux sur les bords. Celui-ci lui propose de rentrer dans son équipe. Le niveau de vie d'Antoine change alors du tout au tout. Mais, bientôt, l'envers de la médaille va apparaître: Lahoud doit, contre une forte somme d'argent, échanger sa place avec un client de Marsac au parloir et le faire évader. Menaces, sous-entendus, etc. Lahoud va donc irrémédiablement perdre son travail lorsqu'il tombera pour avoir aidé un détenu à s'évader.

Lahoud, forcé d'accepter, va pourtant prouver que rira bien celui qui rira le dernier.

Alice au Pays des Merveilles de Tim Burton (2009), avec Johnny Depp, Mia Wasikowska, Helena Bonham-Carter, Anne Hathaway, Michael Sheen

Et hop, encore un chef d'oeuvre de Tim Burton, avec Johnny Depp en prime (en Chapelier fou) et Helena Bonham-Carter (en Reine rouge)! Une belle équipe pour un très beau film, avec des couleurs psychédéliques.

Alice a grandi et oublié sa première visite au Pays des Merveilles. Et pourtant celui-ci a besoin d'elle. Il faut défendre la Reine Blanche (Anne Hathaway) contre la Reine Rouge, ramener la paix.

Un film déjanté (Burton + Carroll = on ne peut pas se tromper). Un grand moment de cinéphilie, un plaisir indéfinissable, des aventures autour du poème "Jabberwocky", un superbe film. Merci!

Océans de Jacques Perrin et Jacques Cluzaud (2010)

Un hymne formidable à une nature fragile, en voie de disparition: celle des mers et des océans. Des images merveilleuses, des couleurs extraordinaire, une caméra à faire pâlir d'envie la plupart des réalisateurs.

Un MUST absolu pour se rappeler que nous vivons sur une planète fragile, que nous pouvons la détruire d'un rien, que des espèces merveilleuses sont menacées.

Une expérience esthétique et écologique à la fois. (Je dois avouer avoir souvent eu le souffle coupé.)

Soeur Sourire de Stijn Coninx avec Cécile de France, Sandrine Blancke, Jan Decleir

Jeannine Deckers est, pour tous, plus connue sous le nom de "Soeur Sourire", auteur et interprète de "Dominique (nique nique)". En 1963, cette chanson dominait les charts, devant les Beatles.

Mal dans sa peau, la jeune femme rejoignit un ordre dominicain et écrivit cet hymne pour leur Saint Patron. Mais lorsque le succès et la règle devinrent trop lourds pour elle, elle partit vivre (une relation homosexuelle?, tendre en tout cas) avec l'une de ses amies. Le fisc belge lui réclama alors les arriérés de ses impôts alors que son couvent avait perçu l'ensemble de ses gains.

Le courage et la modernité de cette jeune femme sont sûrement clairs dans "La pilule d'or", hymne à la contraception qu'elle écrivit sous son vrai nom (car son ordre était propriétaire du nom "Soeur Sourire") peu de temps avant de mettre un terme à sa vie, aux côtés de sa compagne.

Un Prophète (2008) de Jacques Audiard avec Tahar Rahim, Niels Arestrup, Adel Bencherif

Grand Prix du Jury à Cannes, ce film est un vrai chef d'oeuvre sur le monde carcéral. Tahar Rahim fut, pour moi, une véritable découverte. Malik, jeune homme récemment incarcéré, est tout de suite perdu, victime de ses codétenus jusqu'à ce que César Luciani (Niels Arestrup) et sa bande de Corses le prennent sous leur aile. En échange, il devra tuer un homme qui devait témoigner contre eux. Le meurtre exécuté, Malik ne risque plus rien en prison. Il devient même un petit caïd, le protégé de César, et donc respecté. Mais il est hanté par sa victime.

En prison comme partout, la roue tourne et Malik lance sa propre bande, ce qui va fortement déplaire au boss.