jeudi 19 mai 2011

Le Dormeur du Val de Fabienne Boulin-Burgeat (Don Quichotte, 2011)

Fille de Robert Boulin, le ministre retrouvé soi-disant suicidé le 29 octobre 1979 dans 50 cm d'eau, Fabienne Boulin-Burgeat remonte le fil de ces événements, de la mort de son père aux diverses péripéties de l'enquête.

La version officielle: accusé par le Canard Enchaîné d'avoir acquis des terrains à Ramatuelle de manière illégale ou par divers organes de presse d'avoir une famille qui lui rendait la vie impossible, Robert Boulin se serait suicidé.

Oui mais… D'aucuns furent prévenus de sa mort avant la découverte du corps dans la forêt de Rambouillet; le visage du ministre ressemblait à celui d'un boxeur après un match perdu; l'autopsie fut faite par-dessus la jambe; des éléments du dossier perdus; le corps embaumé sans l'accord de la famille, rendant une seconde autopsie quasiment impossible, etc. Je ne vous énumérerai pas les 77 anomalies relevées par la famille, leurs avocats et leurs proches. Lisez le livre: c'est édifiant sur l'art d'étouffer une enquête.

En 2010, le procureur refuse de rouvrir l'affaire, malgré les éléments nouveaux et plus que troublants présentés devant lui. Bizarre…

Qui Boulin gênait-il? Bien du monde: il risquait de devenir Premier Ministre d'un jour à l'autre, était plus modéré que le reste de l'entourage du Président et il semblait savoir des choses qui en gênaient plus d'un. Bref, bien des mobiles. Et pour des personnes qui sont parfois toujours en exercice.

Dans ce livre, Fabienne Boulin-Burgeat met, pas à pas, le dossier à la portée du profane en droit et en médecine légiste. Une saine secousse pour faire avancer les choses, pour qu'elle ait droit, comme toute famille de victime, à la Vérité.

On découvre que son enquête ne se fit pas sans risque pour elle et ses proches et on lui souhaite donc à la fois succès et chance.

Crimes de Ferdinand von Schirach (Gallimard, 2011)


Dans ce livre passionnant, Ferdinand von Schirach, avocat de Berlin, relate onze affaires criminelles en soulevant l'humanité des criminels (en particulier l'humiliation quotidienne d'un mari qui finit par assassiner sa femme.)

Certaines remarques sont intéressantes pour un avocat. Ainsi, un juge déclare-t-il que«Le sens profond de l’indépendance des magistrats venait, selon lui, de ce que les juges aussi aspirent à bien dormir», donc les condamnations ne doivent pas peser sur leur conscience. Elles doivent être suffisamment justifiées. D'où l'importance de soulever la question du doute pour un avocat.

La qualité essentielle de ce texte est de montrer qu'un criminel n'est pas un monstre, il reste avant tout un homme. L'ambiguïté des sentiments que le lecteur finit par ressentir envers ces personnages (réels ou imaginaires?) nous met parfois mal à l'aise. Onze très beaux textes qui laissent espérer une belle carrière pour ce nouvel écrivain. Bonne route!

Cet essai à reçu le prestigieux prix Von Kleist.

Le Président d'Yves Jeuland avec Georges Frêche, Laurent Blondiau, Frédéric Bort


Peu avant la mort de Georges Frêche, Yves Jeuland avait suivi la campagne de celui-ci pour la Présidence du Languedoc. Et il l'avait suivi pas à pas, en privé, en public, dans ses grands moments comme dans ses dérapages qui faisaient que son équipe s'arrachait les cheveux. Toutefois, Yves Jeuland montre aussi que ces dérapages faisaient partie intégrante de la personnalité de Frêche, à la fois désespérante et parfois cocasse.

On y voit un Georges Frêche bien entouré, par une équipe compétente, qui lui donne des conseils judicieux… auxquels il se dépêche de ne pas obéir. Ses conseillers lui passent des petits papiers pour lui demander de reprendre le cap… et paf, petit papier dans la poubelle!

On comprend à la fois la colère du Parti Socialiste qui finit par le mettre à la porte et envoyer une candidate officielle contre lui et l'immense popularité de Frêche dont la langue tranche avec le discours politiquement correct habituel.

Je dois reconnaître qu'avant ce film documentaire, je ne comprenais pas ce grand mouvement populaire autour du personnage. Le travail de Jeuland montre cette dualité de Frêche et le rend assez sympathique, au fond. Car Frêche est franc de manière déconcertante, au point de reconnaître quand il flatte son électorat et ne tiendra pas ses promesses. Je doute que beaucoup d'hommes politiques soient aussi honnêtes face à une caméra… même si l'on a parfois envie de le gifler ou de l'embrasser.




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mercredi 4 mai 2011

Detective Dee : Le mystère de la flamme fantôme de Tsui Hark, avec Andy Lau, Bingbing Li, Tony Leung Ka Fai, Carina Lau

Le juge Ti est un personnage réel, du VII° siècle, qui inspira à Robert Van Gulik, puis à présent à Frédéric Lenormand de nombreux romans policiers. Il est d'ailleurs le premier héros d'un roman policier historique puisque l'ambassadeur Van Gulik en inventa le genre.

Le juge Ti est aujourd'hui le héros d'un film de Hong Kong, très arts martiaux, donc un peu surprenant pour les lecteurs des polars, mais un bon moment dans l'ensemble.

Pour son couronnement, l'impératrice Wu Ze Tian (Carina Lau) prévoit une grande fête et fait construire, face à son palais, un Bouddha géant. C'est sur le chantier de celui-ci que la première victime prend feu. Puis l'un des détectives chargés de l'affaire est à son tour mystérieusement carbonisé.

L'impératrice se résout alors à avoir recours à son ancien opposant, le Juge Ti (Detective Dee) qui se trouve en prison depuis 8 ans quand il s'était exprimé contre la régence de Wu Ze Tian.

Flanqué du bras droit de l'impératrice, Shangguan Wan'er, et d'un policier albinos, le voilà à la recherche de la substance qui permet l'auto-combustion des victimes… brrrrr!!!!!

Les chorégraphies sont millimétrées, les décors splendides, bref du bon cinéma d'action chinois même si le ton ne correspond pas aux récits… occidentaux… des aventures du Juge Ti.