Je ne rate jamais un roman de José Saramago, mais je dois reconnaître que s'il a pu parfois me décevoir un tout petit peu, il est parti sur un feu d'artifices, Le voyage de l'éléphant de José Saramago (Seuil, 2010), traduit par Geneviève Leibrich.
En 1551, le roi du Portugal offre à l'archiduc Maximilien d'Autriche un éléphant. Idée bizarre, mais cela débarrasse d'un sujet encombrant qui mange beaucoup, mais vraiment beaucoup.
Bon, le souci essentiel est le trajet Lisbonne - Vienne qui sera le sujet essentiel du roman, vu pour l'essentiel par les yeux du cornac, Subhro, qui essaie d'analyser la psychologie de son protégé, Salomon, ce qui donne un résultat assez piquant.
Par ailleurs, Subhro, né hindou, converti au christianisme, est un peu perturbé par les questions religieuses et choque parfois les "bons" chrétiens de manière fort drôle. Et pour couronner le tout, Saramago fait dire des énormités au clergé, en particulier au curé qui veut un vrai faux miracle (l'éléphant s'agenouillant devant Saint Antooine). Bref, le curé déclare que "le peuple uni jamais ne sera vaincu." (Là, je suis tombée du lit de rire et j'ai fort mal au dos depuis.)
Bref, un voyage initiatique pour tous, du fantassin au cornac en passant par les gradés et les grands de ce monde, mais avec un humour décapant décrivant les bassesses politiques (qui a dit qu'il y avait des échos très contemporains?) Du TRÈS TRÈS GRAND Saramago. Lisez cela sur la plage pour ne pas tomber d'où que ce soit à force de rire.