samedi 12 avril 2008

Serge et Viviane Janouin-Benanti

Je viens de lire les deux derniers opus de Serge et Viviane Janouin-Benanti (chez Cheminements), rituel délicieux après chaque festival de Neuilly-Plaisance. Je me précipite toujours sur leurs dernières publications qui sont un véritable plaisir. Il n'y a rien de tel qu'un ouvrage de Viviane ou Serge Janouin-Benanti, un bon canapé, une petite lampe et avoir décroché le téléphone pour passer une soirée qui fait peur…

Viviane a traditionnellement un style très élégant (un peu moins cette fois-ci, pour Puissances démoniaques où elle fait un usage erroné et répétitif de l'anglicisme "réaliser que").
Puissances démoniaques en terre maçonne démonte le mécanisme d'un double meurtre qui provoqua la mort d'un orphelin et d'une petite trisomique. 
Près de la Rochelle, la secte du Labarum excitait la haine de ses membres contre les francs-maçons.
La famille de Samuel Sacré s'est construite sur l'amour très fort qui lie ses membres. Samuel, devenu veuf pendant qu'il était au front en 1914-1918, a récupéré sa petite Lili à l'orphelinat. Elle s'y était trouvé un ami, Maurice Durand, que Samuel a adopté à son retour. Remarié avec Sophie, la famille était très unie. Jusqu'au jour où le Labarum détruisit cette harmonie.
Viviane Janouin-Benanti montre bien comment une haine féroce et sans objet réel peut amener à des actes terribles. Dans une société contemporaine où le racisme règne en maître à tous les niveaux de la société et où des dirigeants montent certaines parties de la population contre d'autres, cette lecture est très saine.


Le talent de Serge Janouin-Benanti consiste en sa maîtrise du texte court. Il joue sur les variations de longueurs, quitte à frustrer le lecteur en lui présentant une affaire en cinq pages (fort bien construites, complètes où le lecteur sent que l'auteur lui fait un clin d'oeil…) 
Tout comme Puissances démoniaques en terre maçonne, L'Enfant sorcier se déroule en Charente Maritime.
Serge Janouin-Benanti présente ici treize affaires criminelles dont celle des quatre sergents de la Rochelle. En prenant pour socle la criminalité en Charente Maritime, l'auteur soulève des problèmes éthiques tels que la peine de mort, la démocratie et la liberté, les dénonciations de juifs pendant la dernière guerre, etc. 
J'ai particulièrement aimé la construction des "Machiavéliques" (sur l'affaire Emile Furet) où la future victime de Furet s'amuse à manipuler ce dernier et à lire dans ses pensées. La disparition finale de la loupe qui permet de comprendre l'esprit de Furet est particulièrement intéressante.

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