La parution d'un roman de Cypora Petitjean-Cerf n'est jamais assez claironnée, à mon humble avis. Voici donc le petit dernier: Le Film.
Une belle galerie de personnages, comme d'habitude: Ruth, enseignante à Marcq-en-Bareul, qui en arrive peu à peu à détester ses élèves; Gisèle, la postière, son mari Juan et son frère retardé, François; la mystérieuse Caroline Havetz qui tient une petite galerie d'art et qui porte des perruques; Chrissie, la boulangère, son mari Laurent et son fils Axel…
A l'origine du récit: le moment où Ruth et Gisèle se lancent dans la réalisation d'un documentaire pour un festival à Marseille. Elle parlent de leur enfance, de leur vie… Mais peu à peu, le nombre d'intervenants croît et la vie du quartier va être peu ou prou bouleversée par ce projet.
A la recherche de leurs origines, les deux femmes vont rencontrer leur véritable essence. Ruth est à moitié juive et ne sait pas vraiment ce que cela veut dire. Sa seule source d'information était une camarade d'école, Léa, mais Ruth ne la comprenait pas toujours et le père de Ruth, athée, décourageait sa fille de pousser plus avant ses investigations. De son côté, Gisèle est persuadée être d'origine espagnole, d'où son choix d'un bel Espagnol comme mari et sa fascination pour Julio Iglesias.
Mais le film sera à l'origine de découvertes surprenantes, chacune sur elle-même, mais aussi sur son entourage.
Ruth chez les Ch'tis? En fait, elle n'est pas tant en décalage que cela. Quand Ruth déclare détester ses élèves, on sent toutefois poindre une touche d'affection pour certains d'entre eux (ou pour tous sauf Damien Boucher…)
Toujours avec beaucoup d'humour, Cypora Petitjean-Cerf propose encore une fois une histoire originale, drôle, touchante. On rit, on a la larme à l'oeil, on admire certains passages particulièrement virtuoses (comment rendre les dessins de Juan en mots?), bref, on ne s'ennuie pas un seul instant. Cypora Petitjean-Cerf entraîne, comme toujours, le lecteur dans sa folie inventive.