mardi 5 juillet 2011
Les enfants d'Alexandri de Françoise Chandernagor (Albin Michel, 2011)
Ce roman est le premier volume d'une trilogie consacrée à la chute de la dynastie ptolémaïque. Ici le personnage central est Cléopâtre-Séléné, l'un des trois enfants que Cléopâtre a eu avec Marc Antoine. Face sombre du duo des jumeaux Cléopâtre-Séléné et Alexandre-Hélios, la jeune femme est promise à Césarion, son demi-frère. Un jour, elle règnera sur l'Egypte.
Mais l'Histoire va faire basculer l'Egypte dans le chaos avec la victoire d'Octave à Actium. OK, on connaît la fin: on a vu la pièce de Shakespeare, on a en tête aussi le couple Taylor-Burton, et pourtant, Françoise Chandernagor retient notre attention en fixant le récit autour de ce personnage dont j'ignorais complètement l'existence (et qui, de toute évidence, a décidé de squatter sur la table de travail de l'auteur jusqu'à ce que celle-ci fasse d'elle un personnage principal!)
Le récit finit par l'enlèvement de Séléné par les soldats d'Octave-Auguste. Et ensuite, et ensuite…?
Ce que j'appelle oubli de Laurent Mauvignier (Editions de Miunit, 2011)
Il est très difficile de décrire ce court roman qui se lit d'une traite et d'où l'on sort essoufflé (le fait qu'il s'agisse d'une longue phrase de soixante-deux pages n'y est pas pour rien!)
Le point de départ: à Lyon, en 2009, un homme boit une canette de bière en plein supermarché. Aussitôt saisi par les vigiles, il est entraîné à l'écart et tabassé à mort. L'excuse de ses bourreaux: il les aurait insulté et son coeur était faible et aurait lâché. Mensonges bien vite écartés par la vérité scientifique des médecins légistes.
Mais bizarrement, l'élément le plus choquant ouvre ce roman: "et ce que le procureur a dit, c'est qu'un homme ne doit pas mourir pour si peu, qu'il est injuste de mourir à cause d'une canette de bière…" Dans un pays où la peine de mort a été abolie il y a trente ans, qu'est-ce qui serait considéré comme une cause valable de tabassage à mort? Telle est la question centrale de ce roman.
Le narrateur s'adresse au frère de la victime et, peu à peu, le lecteur devient partie civile, le narrataire du récit. L'injustice même des paroles du procureur nous frappe dès les premières lignes in medias res. C'est sûrement cela un vrai texte révolutionnaire, une petite chose qui en dit long sur toute une société aveugle à la misère et à la violence tant physique que verbale…
lundi 4 juillet 2011
Chiens écrasés d'Eric Chevillard (Le Tigre, 2011)
Eric Chevillard a décidé de jouer les Shéhérazade de la rubrique des chiens écrasés. Il s'agit des mille et une façons de faire ainsi périr nos amis canins. Pour une fois que cette rubrique est à hurler de rire… (sauf quand le petit Odilon, 4 ans, tentant d'écraser un chien avec sa voiture à pédales fait les frais de la vengeance dudit bestiau.)
Mais parfois, l'auteur pète les plombs. Du chien écrasé tous les jours, c'est un peu indigeste et d'autres animaux font les frais de son imagination débordante:
"Le rédacteur de cette rubrique à cours de copie a été surpris en train d’introduire dans les niches de son quartier des homards vivants. Il implore la clémence du jury. Ses patrons exigent de lui toujours plus de rendement. Il n’en peut plus. C’est lui qui finira sous une voiture bientôt, vous verrez."
L'auteur est épuisé, il se plaint, supplie son éditeur:
"Pas moins de six cent vingt-quatre chiens sont morts écrasés au cours de la semaine écoulée. C’est en vain pourtant que le rédacteur de cette rubrique implore ses patrons de lui adjoindre un collaborateur. Faudra-t-il pour obtenir gain de cause les séquestrer dans l’entreprise ? On y songe. "
Bref, il finit, en fin de volume, par créer la rubrique (plus légère) des "tigres écrasés".
Un conseil: ne lisez pas cela en public; ne faites pas comme moi: ne le lisez pas dans la salle d'attente de votre médecin, il est susceptible de vous faire interner d'office. Un grand moment d'humour décalé à se rouler par terre de rire. Les journalistes confinés aux "chiens écrasés" devraient tous le lire, cela leur éviterait sûrement un bon vieux coup de déprime.
dimanche 3 juillet 2011
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